• Une expérience montre que regarder un film avec des sous-titres dans la langue originale permet de mieux apprendre cette langue.

    Sébastien Bohler

    Parmi les cinéphiles, certains préfèrent voir les films en version originale, d'autres doublés, d'autres encore soustitrés. Pour les amateurs de sous-titres, reste à choisir la langue, puisque les DVD offrent un large choix : français, anglais, allemand, italien, espagnol... voire japonais ?

    La question se pose d'autant plus que des psychologues de l'Université de Nimègue, aux Pays-Bas, ont montré que le fait de sélectionner les sous-titres dans la langue originale du film permet de mieux apprendre cette langue, de mémoriser les expressions, de saisir les intonations et d'acquérir ainsi une meilleure prononciation.

    Ainsi, des spectateurs néerlandais ayant regardé un film anglais dont les acteurs avaient un parfait accent d'Oxford répétaient mieux des extraits du film lorsqu'ils l'avaient vu en version sous-titrée anglaise. La mémorisation et la prononciation étaient moins bonnes quand les sujets regardaient le film en version originale, sous-titrée dans leur langue maternelle. Les mêmes résultats ont été constatés avec des accents écossais, australien ou américain. L'anglais se prononce différemment selon les différentes régions du monde, et aurait besoin d'un support écrit simultané pour que le spectateur comprenne mieux. De la sorte, il mémorise le sens et la forme sonore des dialogues, ce qui en améliore la restitution ultérieure.

    Cet effet reposerait sur ce que les psychologues nomment le réajustement guidé par le lexique : on sait depuis quelques années que l'apprentissage phonologique (apprendre à produire des sons selon une certaine fréquence et une certaine dynamique) est guidé par les connaissances lexicales, c'est-à-dire par le stock de mots que nous détenons. Le cerveau a besoin de percevoir ce qui est dit comme une suite de mots identifiés – sinon compris – pour attribuer une prononciation à ces entités lexicales.

    Souvent, on préfère comprendre l'action d'un film tout en se plongeant dans « l'ambiance » du pays ou des acteurs, ce qui est logique si l'on se situe dans une démarche de plaisir. Mais pour progresser dans l'apprentissage d'une langue et dans la compréhension des personnes qui parlent cette langue, les sous-titres originaux semblent une expérience... doublement enrichissante.

    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-dialogues-et-sous-titresa-choisissez-la-v-o-24132.php


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    Quel que soit le sexe, les individus ayant les doigts les plus fins ont un meilleur sens du toucher.

    Émilie Auvrouin

    Pour le sens du toucher, les femmes sont souvent avantagées par rapport aux hommes. Diverses expériences conduites au cours des dix dernières années l'ont confirmé : elles détectent plus facilement des détails fins en relief sur une surface en l'effleurant du bout des doigts. Une récente étude menée par Daniel Goldreich, de l'Université McMaster à Hamilton, au Canada, révèle comment des facteurs anatomiques influent sur cette capacité.

    Les chercheurs sont partis d'une observation simple : statistiquement, une femme a plus de chances d'avoir des doigts fins qu'un homme. Restait à vérifier que la grosseur du doigt est le seul facteur mis en jeu dans la précision du toucher. Que se passe-t-il quand un homme et une femme ont des doigts de taille semblable ? Les différences sont-elles toujours aussi nettes ? Pour le savoir, l'équipe de D. Goldreich a testé l'acuité spatiale – le seuil de résolution spatiale, soit la capacité à distinguer deux points proches à la surface d'un objet – d'un échantillon de 100 personnes comportant autant de femmes que d'hommes. Les chercheurs ont pressé sur le bout de l'index, immobile, de chaque sujet, des surfaces parsemées de sillons parallèles, avec des sillons de plus en plus serrés, et donc de plus en plus difficiles à discerner. Résultat ? Les individus aux petits doigts sont une meilleure  acuité spatiale, et ce sans distinction de sexe.

    Plus précisément, c'est la taille de l'extrémité des doigts – la partie du doigt la plus riche en récepteurs sensoriels – qui est au cœur de cette différence. Sous la peau se trouvent plusieurs types de récepteurs sensoriels, chacun sensible à un type de stimulation donnée (pression, vibration, toucher, mouvement, durée du contact, etc.). Le cerveau élabore une image en trois dimensions de la surface touchée à partir des stimulations de l'ensemble des récepteurs. Ceux-ci fonctionnent comme autant de pixels situés sous la peau : le grain de l'image est d'autant plus fin que le nombre de récepteurs par unité de surface est important.

    Certains d'entre eux, les cellules de Merkel, sont activés par des pressions statiques et localisées  et permettent de distinguer deux points proches dans un relief. Les chercheurs se sont donc intéressés à ces récepteurs. Dans le passé, on avait montré que des individus de même âge ont approximativement le même nombre de cellules de Merkel au bout des doigts. Par conséquent, la densité de ces récepteurs est d'autant plus élevée que les doigts sont petits. Les biologistes l'ont vérifié en mesurant la distance entre les pores de la peau de l'extrémité des doigts des sujets testés (les cellules de Merkel sont situées sous ces pores). Ainsi, les doigts fins sont plus sensibles. Reste à identifier comment l'acuité spatiale évolue avec l'âge…

    De petits doigts pour un meilleur toucher
    © Shutterstock

    Le braille est un système d'écriture pour les aveugles inventé par le Français Louis Braille au XIXe siècle pour lequel chaque lettre est représentée par un motif à points saillants. Des doigts plus fins facilitent la lecture...

    à voir aussi

    © The Journal of Neuroscience
    Image a : l'extrémité de l'index d'une femme (à gauche) et celle d'un homme (à droite) ayant participé à l'expérience (la barre d'échelle indique un centimètre).
    Image b : un agrandissement de la zone délimitée par les pointillés de chacun des deux index. On y reconnaît la structure incurvée des empreintes digitales. Les petits points noirs sont les pores de la peau, sous lesquels se situent les récepteurs sensoriels, notamment les cellules de Merkel. Étant plus rapprochés les uns des autres sur les petits doigts, leur densité est supérieure (la barre d'échelle indique un millimètre).

    Pour en savoir plus

    D. Goldreich et al., Diminutive digits discern delicate details: fingertip size and the sex difference in tactile spatial acuity, The Journal of Neuroscience, vol. 29(50), pp. 15756-15761, 2009.

    L'auteur

    Émilie Auvrouin est journaliste à Pour la Science.

    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-de-petits-doigts-pour-un-meilleur-toucher-24052.php


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  • Qu'est-ce qui rend une personne influente, appréciée et respectée ? Ce serait la testostérone, considérée jusqu'à présent comme une hormone de l'agressivité.

    Sébastien Bohler

    Si vous demandez à un biologiste ce qu'est la testostérone, il vous répondra sans doute que c'est une hormone mâle, plus concentrée chez les individus dominants et violents. D'ailleurs, elle est produite par les testicules. Et toutes les études réalisées sur des singes ou des rats montrent que les mâles ayant le plus de testostérone sont forts et combatifs. Chez l'homme, c'est la même chose. Enfin, c'est ce que l'on croyait.

    Car les travaux de Ernst Fehr et de ses collègues, de l'Université de Zurich, révèlent une autre réalité. La testostérone suscite un besoin de se hisser socialement, d'optimiser son statut auprès des autres. Ce qui compte, ce ne serait pas l'agressivité en soi, mais la dominance sociale. Et cette dernière peut prendre des formes variées, qui vont de l'agressivité à la générosité.

    Pour prouver cette théorie, E. Fehr a administré de la testostérone (sous forme de comprimés sublinguaux) à des femmes... Des personnes par conséquent peu habituées aux effets de cette hormone, même si elle est libérée en petites quantités par les ovaires. Il a réuni ces femmes autour d'une table, chacune disposant d'une somme d'argent qu'elle avait la possibilité de partager avec les autres. Étonnamment, il a observé que les femmes ayant absorbé de la testostérone se montraient plus équitables et généreuses, s'attirant le respect et la considération des autres qui la voyaient comme une meilleure représentante du groupe. Ces femmes « testostéronées » se révélaient plus équitables, mais pas plus agressives.

    Dans les structures hiérarchiques masculines, il se peut que l'obtention d'un statut social élevé passe par une certaine dose d'agressivité et de compétitivité, plutôt que par le partage. Dans ce cas, la testostérone favorisera les attitudes agressives. Mais cette hormone semble favoriser, plus généralement, le statut social, lequel peut s'acquérir de diverses façons selon les contextes.

    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-l-hormone-des-leaders-24134.php

    Pour en savoir plus

    C. Eisenegger et al., Prejudice and truth about the effetc of testosterone on human bargaining behaviour, in Nature, publication en ligne avancée

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  • Pinpointing nerve-insulating cells as the origin of devil facial cancer could aid diagnosis and vaccination.

    Tasmanian devilThe Tasmanian devil (see video) is endangered by a contagious facial cancer.Anaspides Photography/I. D. Williams

    Researchers have identified the cellular origin of the contagious cancer threatening Australia's Tasmanian devils, paving the way for a new diagnostic test and hopefully an effective vaccine.

    First documented in 1996, devil facial tumour disease is a fatal cancer that spreads from animal to animal through biting, which scientists think could wipe out the wild devil population in 25–35 years. Researchers hope to combat the cancer through a vaccination programme and by establishing uninfected, captive 'insurance' populations. But both efforts have been stymied by a lack of understanding of the cancer's origins.

    In a genetic study published this week in Science1, an international research team shows that the tumours arise from cells that insulate nerves, and that these cells' characteristic proteins can be used as markers for the disease.

    "It's a very neat piece of work," says Vanessa Hayes, a geneticist at the Children's Cancer Institute Australia in Sydney, who was not involved in the research. Her team is sequencing the genomes of Tasmanian devils to identify gene variants that confer resistance to the cancer (see 'Genome scans may save Tasmanian devils from cancer'). "It is very complementary to what we are doing," she says.

    Devils' disease

    The research team, led by Elizabeth Murchison while she was working at the Cold Spring Harbor Laboratory, New York, and at the Australian National University in Canberra, compared gene expression in cancerous cells with that in normal testis cells taken from Tasmanian devils.

    The team identified gene networks that may play a role in tumour transmission and development, and also found that tumours strongly express a gene for myelin basic protein — a key constituent of the sheaths that protect nerve fibres, formed by Schwann cells in the peripheral nervous system. Furthermore, out of the 20 other tumour-specific genes identified by the team, 9 were involved in the myelination pathway. Murchison and her colleagues then found that devil facial tumours, along with cancerous cells that had spread to other organs, tested positive for a Schwann-cell protein called periaxin. Other tumour types from devils did not test positive for this protein, suggesting that periaxin could be a suitable diagnostic marker for the disease.

    Tasmanian devilDevil facial tumours spread between animals through biting.Save the Tasmanian Devil Programme

    "Devils are particularly susceptible to cancers," says Anthony Papenfuss, a geneticist at the Walter and Eliza Hall Institute of Medical Research, Melbourne, and part of the research team. "Differentiating between the devil facial tumour disease and some other tumour is particularly important, especially when it comes to the insurance population programme." Currently, a captive population of less than 200 uninfected Tasmanian devils is held at zoos and parks in Tasmania and mainland Australia, and conservationists hope to increase that population to at least 500.

    "The biggest problem at the moment is there is no test to see if an animal is carrying the disease," says Tamara Keeley, a reproductive biologist at the Taronga Western Plains Zoo in Dubbo in New South Wales, Australia. To prevent disease spread in the wild, conservation workers kill devils that have signs of the disease, but many sick animals can go undetected. "If we had a blood test, we could remove disease carriers in the hopes of managing the wild population," she says. Although the insurance programme has not captured wild devils since 2008, future efforts would make use of such a diagnostic test.

     

    The latest results also shed light on how the tumours evade the immune system, says Alexandre Kreiss, one of the research team who is working on a vaccination programme at the University of Tasmania's Menzies Research Institute in Hobart. Tasmanian devils are all genetically very similar to one another, and scientists had previously suspected that cancer cells from another devil were not recognized as foreign when they infected a new host.

    But the connection with the peripheral nervous system may suggest an alternative explanation. "The immune system doesn't usually attack the peripheral nerves," Kreiss explains, which may allow cancer cells from there to proliferate freely. That may be one reason why vaccination experiments with irradiated cancer cells at the Menzies Research Institute have been disappointing so far, he suggests. Only one out of six devils mounted an immune response following recent vaccinations, he says.

    Papenfuss says that although a vaccine against devil facial tumours is still a long way off, "now we have a good start on a set of genomic tools we can move forward with".

     

    Murchison, E. P. et al. Science 327, 84-87 (2009).

    http://www.nature.com/news/2009/091231/full/news.2009.1169.html


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  • Selon une étude japonaise, la seule pensée de la dégustation imminente d'un plat sucré modifierait, via une hormone cérébrale, la concentration de glucose dans le sang.

    Émilie Auvrouin

    Tandis que le dessert approche, la seule pensée de le déguster bientôt suffit à éveiller les papilles des amateurs de sucré. Mais pas seulement leurs papilles : leurs muscles aussi seraient stimulés et commenceraient à stocker du sucre, à en croire la récente étude de Yasuhiko Minokoshi et Tetsuya Shiuchi, de l'Institut national des sciences physiologiques au Japon, et leurs collègues.

    Le sucre – sous sa forme la plus simple, le glucose – est la source d'énergie de nos organes et de nos muscles. La consommation d'un plat sucré entraîne une augmentation temporaire de la glycémie, c'est-à-dire de la concentration de glucose dans le sang. Chez les individus sains, la glycémie à jeun est stable et comprise entre 0,7 et 1,2 gramme de glucose par litre de sang ; après un repas, elle peut atteindre 1,4 gramme par litre. Jusqu'à présent, on savait que la glycémie est contrôlée par le système dit homéostatique : une hormone – l'insuline – sécrétée par le pancréas est chargée de réguler la glycémie pendant et après le repas. Elle assure notamment le stockage du glucose dans les muscles, qui l'utilisent comme carburant.

    L'équipe japonaise a trouvé un autre système de régulation – cérébral cette fois – du glucose sanguin. Il fait appel au système « hédonique » – ou système de la récompense –, qui compense par des sensations agréables les efforts fournis pour satisfaire nos besoins vitaux. Il appartient au système limbique, la zone cérébrale qui comprend notamment l'hypothalamus, où naissent les émotions.

    Dans une précédente étude, ces chercheurs avaient montré que lorsque la leptine, une hormone sécrétée par les cellules adipeuses, se fixe dans l'hypothalamus, elle active le stockage du glucose et régule les réserves de graisses dans les muscles. C'est en se fondant sur ce résultat qu'ils ont suspecté que la glycémie devait aussi être contrôlée par le circuit de la récompense. Ce contrôle s'effectue via une hormone cérébrale découverte récemment et impliquée dans le sommeil et l'appétit : l'orexine, produite par des neurones de l'hypothalamus.

    Comment l'effet de l'orexine sur la glycémie a-t-il été mis en évidence ? L'équipe de Yasuhiko Minokoshi et Tetsuya Shiuchi a montré que chez la souris, une injection d'orexine dans l'hypothalamus entraîne l'accumulation de glucose dans les muscles striés, donc une diminution de la glycémie. Et quand l'animal est privé, grâce à l'injection d'une substance inhibitrice, de récepteurs à orexine, l'effet n'est plus observé.

    Dans une seconde expérience, des souris ont été habituées pendant plusieurs jours consécutifs au goût sucré de la saccharine, puis en ont été privées. Les chercheurs ont alors observé que le système nerveux sympathique des souris, activé par l'orexine, commande aux muscles de stocker le glucose sanguin. Une diminution de la concentration en glucose sanguin est simultanément observée. Par ailleurs, en injectant à quelques-unes des souris un inhibiteur des récepteurs à orexine, on constate que la concentration en sucre dans le sang dépasse celle mesurée chez les souris témoins.

    Selon les auteurs de l'étude, cette découverte révèle l'importance du système hédonique, et en particulier de l'orexine, dans la régulation de la glycémie. Or les neurobiologistes supposent que de l'orexine est sécrétée quand on pense à un dessert: le fait de penser à un mets sucré suffirait à activer ce système de régulation et à stimuler l'appétit.

    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-penser-au-dessert-prepare-les-muscles-23859.php

    Penser au dessert prépare les muscles
    © Shutterstock

    D'après une étude réalisée sur la souris, le corps fait appel à deux systèmes de contrôle pour réguler le taux de sucre dans le sang : le système homéostatique, qui implique l'insuline, et le système hédonique (ou système de récompense) – système de régulation cérébral qui met en jeu une hormone cérébrale nommée orexine. De l'orexine serait sécrétée lorsqu'on pense à un prochain repas sucré et abaisserait la concentration de sucre dans le sang.

    L'auteur

    Émilie Auvrouin est journaliste à Pour la Science.

    Pour en savoir plus


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