• Ce type de nourriture provoque une désensibilisation des circuits du plaisir, obligeant à augmenter les doses.

    Sébastien Bohler

    Les hamburgers, sodas ou barres chocolatées modifieraient nos connexions cérébrales. Une expérience a été réalisée sur des rats à l'Institut de recherche Scripps de Floride (un des États d'Amérique les plus touchés par l'obésité). Les neurobiologistes voulaient savoir si un régime de type fastfood modifiait l'expérience du plaisir chez ces rongeurs. Pour ce faire, ils ont procédé en deux temps. D'abord, en implantant une électrode dans un centre du plaisir (l'hypothalamus) et en apprenant aux rats à s'autostimuler en appuyant sur un levier. De cette façon, ils ont pu mesurer le seuil de stimulation électrique à partir duquel les rats ressentaient du plaisir. Puis les rats ont été soumis à un régime de type fast-food.

    Au bout de deux semaines de ce régime, les neurobiologistes ont constaté que le seuil de stimulation produisant du plaisir avait augmenté : les rats avaient besoin de stimuler davantage leur hypothalamus pour obtenir le même plaisir. Le fastfood provoquerait donc une désensibilisation des circuits du plaisir, obligeant le mangeur à augmenter ses doses pour se sentir satisfait. Le cerveau serait en quelque sorte blasé, et aurait besoin de se surstimuler pour obtenir la même sensation de plaisir. Les neurobiologistes ont également constaté une diminution d'un type de récepteurs de la dopamine, la molécule du plaisir. Ces modifications, tant biochimiques que comportementales, sont identiques à celles produites par la cocaïne et l'héroïne. La spirale de l'obésité serait amorcée comme une toxicomanie.

    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-le-fast-food-modifie-le-cerveau-25155.php
    Le fast-food modifie  le cerveau

    L'auteur

    Sébastien Bohler est journaliste à Cerveau&Psycho.

    Pour en savoir plus

    P. Johnson et al., Dopamine d2 receptors in addiction-like reward dysfunction and compulsive eating in obese rats, in
    Nature Neuroscience, 13, 635 - 641 (2010).

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  • Birth of a Bond: Illustrating a Year of Mother and Baby Development

    From embryo to infancy, biologically accurate illustrations from theVisualMD.com illuminate changes in mother and baby as the two grow and develop together

    By Katherine Harmon   

    http://www.scientificamerican.com/article.cfm?id=illustration-pregnancy-bond

    PICTURING PREGNANCY: The journey from embryo to infant means incredible changes for both mother and baby. Witness some of the developmental milestones for both though medical image based illustrations from theVisualMD.com.


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  • Selon les pays, entre 10 et 20 pour cent de la population active aurait un rapport pathologique et compulsif à son travail.

    Sébastien BOHLER

    «Écoute, le travail a pris toute mon existence. Peu à peu, il m'a volé ma mère, ma femme, tout ce que j'aime. C'est le germe apporté dans le crâne, qui mange la cervelle, qui envahit le tronc, qui ronge le corps entier. » Ce témoignage n'est pas extrait du journal intime d'un trader, mais du roman de Zola, L'oeuvre, écrit en 1886. La dépendance au travail, ou ergomanie, workaholisme pour les Américains ou «boulomanie » pour les Québécois, est aujourd'hui un enjeu de santé publique. Cette addiction se développe en plusieurs phases, allant des difficultés dans la vie familiale et sociale jusqu'aux complications liées au stress, à la dépression et à l'épuisement  professionnel. L'addict est dans une relation fusionnelle avec son travail. Souvent cadre supérieur de profession libérale (médecin, avocat), il est perfectionniste et présente des difficultés à déléguer les tâches.

    La France manque de statistiques sur ce type d'addiction, qui n'est pas « médicalisée » du fait que ce rapport au travail est plutôt encouragé par les valeurs de la société. Le phénomène est plus étudié aux États-Unis ou au Japon, où un actif sur cinq serait dans une relation de dépendance à son travail. Une étude espagnole récente apporte des informations précieuses sur cette question : en Espagne, révèlent le psychologue Mario Del Libano et ses collègues de l'Université de Jaume, 12 pour cent de la population active est workaholique, et huit pour cent travaille plus de 12 heures par jour. M. Del Libano et son équipe se sont servis d'une nouvelle échelle de mesure de la dépendance au travail qu'ils ont soumise à 2 700 employés, et ont constaté qu'au-delà de 50 heures par semaine, on passe d'un travail intense, mais normal, à un travail pathologique de type addictif.

    La dépendance au travail comprendrait deux composantes : d'une part, l'implication extrême en termes de temps, d'autre part, une logique compulsive dans laquelle le sujet relie très fortement son estime de soi à ses réalisations professionnelles, travaille pour apaiser une anxiété de fond et pour combattre un sentiment de culpabilité en cas d'oisiveté.

    M. Del Libano a montré que certaines situations sont favorables à l'éclosion d'une dépendance au travail : c'est notamment le cas des pressions sociales, familiales ou financières, de la peur de perdre son emploi, de la compétition sur le marché du travail, du besoin de réussir, ou d'un manque d'affection personnelle que l'on cherche à compenser par une intense activité et une reconnaissance professionnelle.

    L'étude espagnole révèle que le score de dépendance au travail est inversement relié à la qualité de vie physique et psychique. En France, les psychothérapeutes recommandent souvent aux personnes qui craignent d'être entrées dans une relation excessive avec leur travail de réaliser un petit autodiagnostic préalable. En fonction des résultats, il peut être utile de se faire aider par un thérapeute ou un coach. Ce dernier peut donner des conseils de bon sens pour réorganiser la vie vers plus de sérénité, moins de stress lié à la charge de travail, et plus de reconnaissance extraprofessionnelle, que ce soit par des loisirs constructifs ou la présence auprès de ses proches.

    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-etes-vous-un-drogue-du-travail-25151.php


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  • Mothers' Depression Can Go Well Beyond Child's Infancy

    Many mothers continue to have depressive symptoms well into their child's youth, which can have lasting impacts on their children's development, but new research shows short therapy sessions can improve outlook

    By Katherine Harmon   http://www.scientificamerican.com/article.cfm?id=maternal-depression

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    maternal depression past postpartum treatment

    SPREADING THE BLUES: Maternal depression can have long-lasting effects on the mother-child bond and on child development in general. Given depression's prevalence in women, researchers are working hard to find better ways to diagnose and treat it in hopes of improving outcomes for children as well.
    ISTOCKPHOTO/QUAVONDO

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  • Une équipe américaine a décrypté les subtils mouvements des ailes qui permettent aux drosophiles de pivoter rapidement en vol.

    Maurice Mashaal

    Même si les mouches sont parfois très agaçantes, il faut reconnaître qu'elles ont un grand talent aéronautique. Leurs acrobaties aériennes sont remarquables, et aucun engin construit par l'homme n'est capable d'en faire autant. Depuis plusieurs années, l'équipe de Jane Wang, de l'Université Cornell aux États-Unis, s'est spécialisée dans l'étude du vol des insectes. Elle vient d'analyser comment les drosophiles (ou mouches du vinaigre, Drosophila melanogaster) modulent l'inclinaison de leurs ailes pour pivoter soudainement en vol.

    L'équipe, qui comprend quatre physiciens et un mathématicien, a d'abord entrepris de mesurer les caractéristiques cinématiques de drosophiles volant librement à l'intérieur d'une boîte. À cette fin, elle a utilisé trois caméras ultrarapides filmant à 8 000 images par seconde, ce qui correspond à environ 35 images par battement d'aile. Les trois caméras étaient dirigées orthogonalement vers trois parois adjacentes de l'enceinte, chaque paroi étant puissamment éclairée à angle droit par un projecteur. Les caméras filmaient ainsi les ombres des mouches projetées sur trois plans perpendiculaires. À partir de ces trois silhouettes bidimensionnelles, un algorithme mis au point par les chercheurs a permis de reconstituer le vol et la position des mouches dans l'espace à trois dimensions.

    L'équipe de J. Wang s'est focalisée sur les situations où la mouche fait un virage à 120 degrés : l'insecte se retourne presque, et cela en quelque 80 millisecondes et 18 battements d'ailes. Comment la drosophile réalise-t-elle si aisément un tel exploit ? En induisant de subtiles asymétries dans l'inclinaison des ailes, entre celle de droite et celle de gauche. Pour un pivotement à droite, les chercheurs ont constaté que l'aile gauche fait des va-et-vient symétriques de l'avant à l'arrière, avec un même angle moyen d'attaque (environ 49 degrés) par rapport à l'axe du corps de la mouche, supposé horizontal ; la force nette de traînée est donc nulle. En revanche, l'angle moyen d'attaque de l'aile droite est de 49 degrés lors du battement vers l'avant, et seulement de 40 degrés lors du battement vers l'arrière. La traînée étant d'autant plus forte que l'angle d'attaque est élevé, il en résulte pour cette aile une force nette de traînée dirigée vers l'arrière. En conséquence, l'insecte pivote dans le sens des aiguilles d'une montre.

    Pour comprendre comment l'insecte contrôle ces mouvements, J. Wang et ses collègues ont analysé les positions et orientations des ailes. En utilisant les équations du mouvement rotationnel qui leur correspondent, ils sont remontés aux couples que la mouche exerce à l'articulation de l'aile avec le corps. En intégrant des résultats d'études précédentes, et en s'appuyant sur des modélisations, ils parviennent à la conclusion que l'articulation alaire se comporte comme un ressort rotationnel ou de torsion, dont la direction d'équilibre est d'ordinaire verticale (les ailes oscillent symétriquement par rapport à cette direction). Pour pivoter, la drosophile n'a qu'à moduler la direction d'équilibre de l'articulation de l'une de ses ailes ; en modifiant cet axe d'équilibre du « ressort » alaire, les angles d'attaque vers l'avant et vers l'arrière cessent d'être égaux, ce qui entraîne une force de traînée non nulle en moyenne, et ainsi fait pivoter l'insecte. Un mécanisme simple (une rotation de quelques degrés de l'axe d'équilibre du « ressort » alaire) qui demande à la mouche peu d'efforts, puisqu'un seul paramètre est en jeu.

    La volte-face de la  mouche
    Phys. Rev. Lett., 104 (14), 148101, 2010

    Les ombres d’une drosophile, projetées sur trois plans orthogonaux, permettent de reconstituer la configuration de l’insecte dans l’espace et d’analyser les mouvements de ses ailes lorsqu'il pivote en vol (on voit ici six images extraites d’une vidéo ultrarapide comportant 821 images). La reconstitution ainsi obtenue est représentée en couleurs (aile droite en rouge, aile gauche en bleu marine, corps en bleu, tête en vert).

    Pour en savoir plus

    A. J. Bergou et al., Fruit flies modulate passive wing pitching to generate in-flight turns, Physical Review Letters, vol. 104, article 148101, 2010.
     

    L'auteur

    Maurice Mashaal est rédacteur en chef adjoint à Pour la Science.


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