• Les zones du cerveau actives quand on pense à Dieu et à soi sont les mêmes.

    Sébastien Bohler

    Que pense Dieu de l'avortement ? Du mariage homosexuel ? De la peine de mort ? Du cannabis ? Chacun a sa réponse. Les psychologues Nicholas Epley et ses collègues, de l'Université de Chicago, ont constaté que les personnes interrogées (toutes croyantes, dans le cadre de cette enquête) ont tendance à considérer que les positions de Dieu sur ces questions seraient... les leurs ! Les conservateurs affirment sans hésiter que Dieu serait favorable à la peine de mort et hostile au mariage homosexuel ainsi qu'à l'avortement, alors que les libéraux soutiennent qu'il légaliserait l'avortement et le mariage gay, bannissant la peine de mort.

    Y aurait-il autant de dieux que de croyants ? Intrigués par cette découverte, les psychologues ont mesuré l'activité cérébrale des personnes interrogées sur ces questions. Ils ont constaté que le fait de penser à Dieu active des zones du cerveau connues pour sous-tendre la « pensée autoréférentielle ». Ces zones s'activent quand on parle de soi, qu'on exprime son opinion ou qu'on développe ses analyses, mais restent silencieuses lorsqu'on évoque les autres. En fait, chez les croyants, les zones du cerveau actives quand ils pensent à Dieu et à eux sont exactement les mêmes !

    La Bible affirme que Dieu a créé l'homme à son image. Aujourd'hui, les neurosciences porteraient plutôt à croire que c'est l'inverse, et que l'homme crée chaque jour Dieu à sa propre image.

    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-dieu-c-est-moi-24135.php

    Dieu, c’est Moi !
    Ken Durden / Shutterstock

    Pour en savoir plus

    N. Epley et al., Creating God in one’s own image, in PNAS, édition en ligne avancée

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  • Comment percevons-nous les états internes de notre corps ? En partie grâce à la peau et aux zones cérébrales du toucher, selon une étude américaine. De quoi remettre en cause la théorie dominante.

    Eprouver les battements de son coeur, les mouvements de sa respiration, sentir que son corps se réchauffe ou se refroidit : cette expérience de notre milieu interne, appelée intéroception, est à la base de nos émotions et constitue une part de notre conscience. Ces dernières années, plusieurs études d'IRM fonctionnelle ont suggéré que deux zones cérébrales jouaient un rôle essentiel dans cette perception de nos états physiologiques : l'insula, au centre du cerveau et le cortex cingulaire antérieur, situé plus en avant. Une équipe de neurologues américains, pilotée par Sahib Khalsa de l'université de l'Iowa, remet aujourd'hui en question cette théorie. Leurs travaux prouvent en effet qu'il est possible de percevoir nos sensations internes uniquement par la peau et les zones cérébrales associées au toucher, indépendamment de l’insula (1).

    Pour le montrer, les neurologues se sont intéressés au cas de Roger, un patient dont l'insula et le cortex cingulaire antérieur ont été presque totalement détruits par un herpès encéphalique. Ils ont voulu savoir si ce sujet pouvait, malgré ses lésions, percevoir des variations de son rythme cardiaque. Ils lui ont donc administré, ainsi qu'à onze sujets témoins, un médicament qui accroît le rythme cardiaque, en augmentant progressivement les doses. Après chaque prise, les sujets devaient rapporter leurs sensations sur un carnet. Résultat : au fur et à mesure de l'expérience, Roger a senti son coeur s'accélérer, comme les sujets sains, et il s'est même révélé capable de décrire avec précision ses sensations.

    D'où lui provient cette faculté d'intéroception, alors que l’insula et le cortex cingulaire antérieur ne fonctionnent plus ? Les neurologues ont supposé qu'elle dépendait des récepteurs cutanés de la poitrine situés au niveau du coeur, et du cortex somatosensoriel, qui traite les informations captées par la peau. En effet, des études d'IRM fonctionnelle avaient déjà montré que cette aire cérébrale s'activait lors de l'interoception, bien qu'elle eût semblé jouer un rôle secondaire.

    Afin de vérifier cette hypothèse, Sahib Khalsa et ses collègues ont reproduit l'expérience en appliquant au préalable une crème anesthésiante sur la poitrine des sujets, à l'endroit où les sensations cardiaques avaient été les plus intenses. Or, cette fois, Roger n'a perçu aucune variation de son rythme cardiaque, bien que celui-ci se soit en réalité accéléré. En revanche, les sujets sains ont décrit des battements du coeur de plus en plus rapides, comme lors de la première expérience.

    « L'insula est une aire importante pour la conscience corporelle, car elle participe à l'intégration des informations sensorielles, explique Christophe Lopez, de l'école polytechnique fédérale de Lausanne. Cependant, le cas de Roger montre qu'elle n'est pas absolument indispensable pour détecter notre rythme cardiaque, contrairement à ce que l'on pensait jusqu'alors. Il existe en effet une autre voie, parallèle et indépendante : la voie somatosensorielle qui provient des récepteurs de la peau ». Reste à savoir quelle est la fonction spécifique des deux circuits dans la perception de nos sensations internes.

    Jacques Abadie

    http://www.larecherche.fr/content/actualite-Sapiens/article?id=27180

    (1) S. S. Khalsa et al., Nature Neuroscience, 12, 1494, 2009.

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  • Cot death victims make less serotonin

    Mysterious infant deaths linked to chemical deficiency.

    BabyResearchers have linked serotonin deficiency to SIDS.iStockPhoto

    Babies killed by sudden infant death syndrome (SIDS) — also known as cot death — often have unusually low levels of a critical chemical called serotonin in their brains, researchers have found.

    Serotonin acts in the brain stem to regulate heart rate, breathing and arousal from sleep. Lower levels of serotonin could explain why some babies may fail to properly respond to suffocation or overheating during the night, according to a study published this week in the Journal of the American Medical Association1.

    SIDS is the third most common cause of death in infants in the United States, claiming the lives of roughly 1 out of every 2,000 babies in the country. The figure varies widely around the world, with Japan having 0.09 cases per 1000 infants — the lowest rate in the world — and New Zealand with 0.8 per 1000 — the highest. But despite decades of research, scientists still do not fully understand why some seemingly healthy babies die in their sleep.

    What is clear is that the incidence of SIDS dropped dramatically after a large public health campaign encouraged parents to put babies to sleep on their backs — rather than on their stomachs or their sides — and to keep cribs free from soft bedding that might smother infants. This success demonstrated that environmental risk factors contribute to the syndrome but do not fully account for the deaths.

    "We still have babies dying on their backs," says Marian Willinger, who directs the SIDS research program at the US National Institute of Child Health and Human Development in Bethesda, Maryland, which funded the new study. "And that's why the basic research has to continue."

    Hunting a killer

    In 2006, pathologist Hannah Kinney of Children's Hospital Boston and her colleagues reported that babies who die of SIDS often do not have as many serotonin receptors as babies who died of other causes in regions of the brain stem that coordinate responses to changes in oxygen and carbon dioxide concentration2. At that time, however, it was not clear if the concentration of serotonin itself was affected.

    Since then, Kinney and her team have compared serotonin levels in the brain stems of 35 children who died of SIDS to those in the brain stems of 10 children who died of other causes, including 5 who experienced a lack of oxygen, as did the babies who died of SIDS. Their results now show that serotonin levels are 26% lower in the SIDS victims and levels of a key enzyme in serotonin synthesis, called tryptophan hydroxylase, was reduced by 22%.

     

    "It's an important next step," says Rachel Moon, a paediatrician at Children's National Medical Center in Washington DC, who was not involved with the work. "It gives more credence to the argument that these babies are physiologically different from other babies, and that difference puts them at higher risk."

    At this stage it is unclear whether reduced serotonin levels are a cause or an effect of SIDS, but Kinney hopes that this new clue will help her team trace the underlying molecular changes that make some children more vulnerable. Eventually, such work could lead to a test to identify such babies or an intervention to protect them.

    In the meantime, Kinney, who decided she would study SIDS after trying and failing to resuscitate a SIDS baby as a paediatric resident, refers to her results when she consoles grieving parents. "What this means to them is that SIDS is an intrinsic biologic process," she says. "It's not something the parents did. You couldn't predict what night this was going to happen to their child."

    http://www.nature.com/news/2010/100202/full/news.2010.49.html

    • References

      1. Duncan, J. R. et al. JAMA 303, 430-437 (2010). | Article
      2. Paterson, D. S. et al. JAMA 296, 2124-2132 (2006). | Article | PubMed | ChemPort |

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    Un mécanisme impliquant des cellules de la rétine, des neurones du thalamus et des neurones de la douleur expliquerait la sensibilité à la lumière des migraineux.

    Jean-Jacques Perrier

    Une personne sur cinq souffre de migraines, surtout des femmes. Une douleur violente dans la tête – une moitié de la tête –, qui vrille, bat, transperce. Nausées, vomissements et photophobie, c'est-à-dire intolérance à la lumière, sont parfois accompagnés de troubles de la vue. Les mécanismes de la migraine ne sont toujours pas bien compris, et l'on ignorait notamment pourquoi, lors des crises de migraine, les patients fuient la lumière. L'équipe de Rami Burstein, à l'École de médecine de Harvard, propose une explication. Elle montre que, chez le rat, des cellules photosensibles de la rétine sont connectées à des neurones qui participent à la perception de la douleur.  Par ailleurs, le groupe de Gilles Géraud, du Service de neurologie et d'explorations fonctionnelles du système nerveux, au CHU Rangueil de Toulouse, confirme que les neurones corticaux sont hyperexcitables chez  les personnes sujettes aux migraines et que ce phénomène est exacerbé par la lumière.

    Les neurobiologistes ont postulé qu'il existe des neurones de la rétine, par essence sensibles à la lumière, qui seraient connectés à des zones cérébrales impliquées dans la douleur migraineuse. Il existe plusieurs types de cellules rétiniennes : les photorécepteurs de la vision (cônes et bâtonnets) et, parmi d'autres, les cellules ganglionnaires qui transmettent des informations lumineuses utilisées notamment pour synchroniser l'organisme avec l'alternance du jour et de la nuit.

    R. Burstein et ses collègues ont examiné 20 migraineux atteints de cécité. Certains ne perçoivent pas la lumière à cause de la perte du nerf optique ou d'un œil : ils ne sont pas photophobiques. D'autres sont atteints de dégénérescences rétiniennes et perçoivent tout de même la lumière par leurs cellules ganglionnaires photosensibles encore actives : ils sont alors photophobiques. Ces différences indiquent que l'exacerbation de la migraine par la lumière met en jeu des cellules ganglionnaires.

    Pour le vérifier, R. Burstein et ses collègues ont utilisé des traceurs fluorescents pour visualiser dans le cerveau d'animaux les trajets des fibres issues de la rétine. Ils ont cherché si les neurones ainsi marqués sont reliés à des régions cérébrales impliquées dans la douleur migraineuse. Ils en ont identifié dans un noyau du thalamus postérieur. Puis, à l'aide d'enregistrements de l'activité électrique du cerveau de rats anesthésiés, ils ont constaté que les neurones thalamiques identifiés ont une activité modulable par la lumière.

    Ainsi, les cellules ganglionnaires de la rétine sensibles à la lumière stimulent des neurones du thalamus, lesquels activent des neurones impliqués dans la douleur migraineuse. Quand la crise s'installe, la lumière ne fait que renforcer l'activation de la chaîne impliquée dans la douleur : les cellules ganglionnaires, les neurones du thalamus et les neurones de la douleur.

    De leur côté, Marie Denuelle, Nicolas Boulloche et leurs collègues du groupe de Toulouse, ont réalisé deux études cliniques par PET-scan (tomographie par émission de positons), qui permet de visualiser les zones cérébrales les plus actives dans des situations données.

    Dans la première, huit sujets ont été examinés durant une crise et en dehors. Les chercheurs ont constaté qu'une stimulation lumineuse faible active le cortex visuel, à l'arrière du cerveau, pendant la crise mais pas entre les crises, ce qui suggère que la photophobie est liée à une hyperexcitabilité du cortex visuel.

    Lors de la seconde étude, sept patients ont été examinés en dehors des crises ainsi que sept sujets contrôles. Ils ont été exposés à des stimulations lumineuses d'intensité variable (faible, moyenne et forte) couvrant tout le champ visuel. Les stimulations lumineuses ont  activé le cortex visuel, mais seulement chez les migraineux.

    Que conclure de ces résultats ? Pour G. Géraud, les travaux de l'équipe de R. Burstein rejoignent les résultats toulousains. Les premiers précisent les neurones en cause dans la douleur en cas d'exposition à la lumière. Elle comprend des cellules ganglionnaires de la rétine, des neurones du thalamus postérieur et des neurones impliqués dans la sensation douloureuse. Les seconds témoignent d'une baisse du seuil d'activation des neurones du cortex  visuel chez les migraineux entre les crises, seuil qui diminue encore pendant les crises. L'activation des voies nerveuses liées à la douleur, lors des crises, renforce cette hyperexcitabilité, de sorte que la lumière, même faible, devient insupportable.

    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-pourquoi-les-migraineux-fuient-ils-la-lumiere-24201.php

    Article abstract


    Nature Neuroscience 13, 239 - 245 (2010)
    Published online: 10 January 2010 | doi:10.1038/nn.2475

    A neural mechanism for exacerbation of headache by light

    Rodrigo Noseda1, Vanessa Kainz1, Moshe Jakubowski1, Joshua J Gooley2, Clifford B Saper2,3, Kathleen Digre4 & Rami Burstein1,3


    The perception of migraine headache, which is mediated by nociceptive signals transmitted from the cranial dura mater to the brain, is uniquely exacerbated by exposure to light. We found that exacerbation of migraine headache by light is prevalent among blind individuals who maintain non–image-forming photoregulation in the face of massive rod/cone degeneration. Using single-unit recording and neural tract tracing in the rat, we identified dura-sensitive neurons in the posterior thalamus whose activity was distinctly modulated by light and whose axons projected extensively across layers I–V of somatosensory, visual and associative cortices. The cell bodies and dendrites of such dura/light-sensitive neurons were apposed by axons originating from retinal ganglion cells (RGCs), predominantly from intrinsically photosensitive RGCs, the principle conduit of non–image-forming photoregulation. We propose that photoregulation of migraine headache is exerted by a non–image-forming retinal pathway that modulates the activity of dura-sensitive thalamocortical neurons.

    http://www.nature.com/neuro/journal/v13/n2/abs/nn.2475.html

     



    Pourquoi les migraineux fuient-ils la lumière ?
    © NLM-NIH

    Pour en savoir plus

     
    M. Denuelle et al., Photophobia during spontaneous migraine attacks : a PET study, à paraître, 2010.
     
    N. Boulloche et al., Photophobia in migraine : an interictal PET study of cortical hyperexcitability and its modulation by pain, Journal of Neurology, Neurosurgery, and Psychiatry, à paraître, 2010.

    L'auteur

    Jean-Jacques Perrier est journaliste à Pour la Science.

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  • L'absurde et l'absence de repères logiques ressentis renforcent la quête de sens après coup.

    Sébastien Bohler

    La lecture de Kafka est à bien des égards déroutante. L'absurde, le surréalisme ou l'absence de repères logiques y sont omniprésents. Travis Proulx et Steven Heine, de l'Université de Santa Barbara en Californie, ont montré que le vide de sens parfois ressenti renforce, par contrecoup, la quête de logique dans les minutes qui suivent cette lecture. Ils ont fait lire à des volontaires des extraits du Médecin de campagne, puis ont soumis les lecteurs à une épreuve d'apprentissage où ils devaient assimiler les règles d'une grammaire artificielle, créée pour les besoins de l'expérience. Ce type de test mesure la capacité d'un individu à mémoriser de nouveaux rapports logiques entre des symboles.

    Les personnes ayant lu Kafka mémorisent mieux et plus rapidement ces règles grammaticales. Elles manifestent un besoin de détecter des systèmes de signification dans les textes qu'on leur présente, et le font avec plus d'acuité. Selon T. Proulx, l'esprit a besoin d'un minimum de sens, et la lecture de Kafka peut être frustrante à cet égard. En refermant le livre, on éprouverait le besoin de retrouver du sens dans ce qui nous entoure.

    Le même effet a été obtenu en demandant à des sujets de citer des exemples de leur vie quotidienne illustrant le caractère incohérent de leur comportement et de leur personnalité (par exemple, je suis inquiet pour l'avenir de la planète, mais je consomme beaucoup de carburant) : dans ce cas aussi, les capacités d'assimilation de règles grammaticales étaient augmentées.

    C'est donc notre besoin de sens que Kafka met à rude épreuve. Quel parti tirer de cette découverte ? Par exemple, faire précéder les cours de mathématiques par des cours de français dédiés aux divers courants du surréalisme...

    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-lire-kafka-favoriserait-l-apprentissage-24131.php

     

    Lire Kafka favoriserait l’apprentissage
    J.-M. Thiriet

    Pour en savoir plus


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