• De petits doigts pour un meilleur toucher

     

    Quel que soit le sexe, les individus ayant les doigts les plus fins ont un meilleur sens du toucher.

    Émilie Auvrouin

    Pour le sens du toucher, les femmes sont souvent avantagées par rapport aux hommes. Diverses expériences conduites au cours des dix dernières années l'ont confirmé : elles détectent plus facilement des détails fins en relief sur une surface en l'effleurant du bout des doigts. Une récente étude menée par Daniel Goldreich, de l'Université McMaster à Hamilton, au Canada, révèle comment des facteurs anatomiques influent sur cette capacité.

    Les chercheurs sont partis d'une observation simple : statistiquement, une femme a plus de chances d'avoir des doigts fins qu'un homme. Restait à vérifier que la grosseur du doigt est le seul facteur mis en jeu dans la précision du toucher. Que se passe-t-il quand un homme et une femme ont des doigts de taille semblable ? Les différences sont-elles toujours aussi nettes ? Pour le savoir, l'équipe de D. Goldreich a testé l'acuité spatiale – le seuil de résolution spatiale, soit la capacité à distinguer deux points proches à la surface d'un objet – d'un échantillon de 100 personnes comportant autant de femmes que d'hommes. Les chercheurs ont pressé sur le bout de l'index, immobile, de chaque sujet, des surfaces parsemées de sillons parallèles, avec des sillons de plus en plus serrés, et donc de plus en plus difficiles à discerner. Résultat ? Les individus aux petits doigts sont une meilleure  acuité spatiale, et ce sans distinction de sexe.

    Plus précisément, c'est la taille de l'extrémité des doigts – la partie du doigt la plus riche en récepteurs sensoriels – qui est au cœur de cette différence. Sous la peau se trouvent plusieurs types de récepteurs sensoriels, chacun sensible à un type de stimulation donnée (pression, vibration, toucher, mouvement, durée du contact, etc.). Le cerveau élabore une image en trois dimensions de la surface touchée à partir des stimulations de l'ensemble des récepteurs. Ceux-ci fonctionnent comme autant de pixels situés sous la peau : le grain de l'image est d'autant plus fin que le nombre de récepteurs par unité de surface est important.

    Certains d'entre eux, les cellules de Merkel, sont activés par des pressions statiques et localisées  et permettent de distinguer deux points proches dans un relief. Les chercheurs se sont donc intéressés à ces récepteurs. Dans le passé, on avait montré que des individus de même âge ont approximativement le même nombre de cellules de Merkel au bout des doigts. Par conséquent, la densité de ces récepteurs est d'autant plus élevée que les doigts sont petits. Les biologistes l'ont vérifié en mesurant la distance entre les pores de la peau de l'extrémité des doigts des sujets testés (les cellules de Merkel sont situées sous ces pores). Ainsi, les doigts fins sont plus sensibles. Reste à identifier comment l'acuité spatiale évolue avec l'âge…

    De petits doigts pour un meilleur toucher
    © Shutterstock

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    © The Journal of Neuroscience
    Image a : l'extrémité de l'index d'une femme (à gauche) et celle d'un homme (à droite) ayant participé à l'expérience (la barre d'échelle indique un centimètre).
    Image b : un agrandissement de la zone délimitée par les pointillés de chacun des deux index. On y reconnaît la structure incurvée des empreintes digitales. Les petits points noirs sont les pores de la peau, sous lesquels se situent les récepteurs sensoriels, notamment les cellules de Merkel. Étant plus rapprochés les uns des autres sur les petits doigts, leur densité est supérieure (la barre d'échelle indique un millimètre).

    Pour en savoir plus

    D. Goldreich et al., Diminutive digits discern delicate details: fingertip size and the sex difference in tactile spatial acuity, The Journal of Neuroscience, vol. 29(50), pp. 15756-15761, 2009.

    L'auteur

    Émilie Auvrouin est journaliste à Pour la Science.

    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-de-petits-doigts-pour-un-meilleur-toucher-24052.php


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