• Penser au dessert prépare les muscles

    Selon une étude japonaise, la seule pensée de la dégustation imminente d'un plat sucré modifierait, via une hormone cérébrale, la concentration de glucose dans le sang.

    Émilie Auvrouin

    Tandis que le dessert approche, la seule pensée de le déguster bientôt suffit à éveiller les papilles des amateurs de sucré. Mais pas seulement leurs papilles : leurs muscles aussi seraient stimulés et commenceraient à stocker du sucre, à en croire la récente étude de Yasuhiko Minokoshi et Tetsuya Shiuchi, de l'Institut national des sciences physiologiques au Japon, et leurs collègues.

    Le sucre – sous sa forme la plus simple, le glucose – est la source d'énergie de nos organes et de nos muscles. La consommation d'un plat sucré entraîne une augmentation temporaire de la glycémie, c'est-à-dire de la concentration de glucose dans le sang. Chez les individus sains, la glycémie à jeun est stable et comprise entre 0,7 et 1,2 gramme de glucose par litre de sang ; après un repas, elle peut atteindre 1,4 gramme par litre. Jusqu'à présent, on savait que la glycémie est contrôlée par le système dit homéostatique : une hormone – l'insuline – sécrétée par le pancréas est chargée de réguler la glycémie pendant et après le repas. Elle assure notamment le stockage du glucose dans les muscles, qui l'utilisent comme carburant.

    L'équipe japonaise a trouvé un autre système de régulation – cérébral cette fois – du glucose sanguin. Il fait appel au système « hédonique » – ou système de la récompense –, qui compense par des sensations agréables les efforts fournis pour satisfaire nos besoins vitaux. Il appartient au système limbique, la zone cérébrale qui comprend notamment l'hypothalamus, où naissent les émotions.

    Dans une précédente étude, ces chercheurs avaient montré que lorsque la leptine, une hormone sécrétée par les cellules adipeuses, se fixe dans l'hypothalamus, elle active le stockage du glucose et régule les réserves de graisses dans les muscles. C'est en se fondant sur ce résultat qu'ils ont suspecté que la glycémie devait aussi être contrôlée par le circuit de la récompense. Ce contrôle s'effectue via une hormone cérébrale découverte récemment et impliquée dans le sommeil et l'appétit : l'orexine, produite par des neurones de l'hypothalamus.

    Comment l'effet de l'orexine sur la glycémie a-t-il été mis en évidence ? L'équipe de Yasuhiko Minokoshi et Tetsuya Shiuchi a montré que chez la souris, une injection d'orexine dans l'hypothalamus entraîne l'accumulation de glucose dans les muscles striés, donc une diminution de la glycémie. Et quand l'animal est privé, grâce à l'injection d'une substance inhibitrice, de récepteurs à orexine, l'effet n'est plus observé.

    Dans une seconde expérience, des souris ont été habituées pendant plusieurs jours consécutifs au goût sucré de la saccharine, puis en ont été privées. Les chercheurs ont alors observé que le système nerveux sympathique des souris, activé par l'orexine, commande aux muscles de stocker le glucose sanguin. Une diminution de la concentration en glucose sanguin est simultanément observée. Par ailleurs, en injectant à quelques-unes des souris un inhibiteur des récepteurs à orexine, on constate que la concentration en sucre dans le sang dépasse celle mesurée chez les souris témoins.

    Selon les auteurs de l'étude, cette découverte révèle l'importance du système hédonique, et en particulier de l'orexine, dans la régulation de la glycémie. Or les neurobiologistes supposent que de l'orexine est sécrétée quand on pense à un dessert: le fait de penser à un mets sucré suffirait à activer ce système de régulation et à stimuler l'appétit.

    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-penser-au-dessert-prepare-les-muscles-23859.php

    Penser au dessert prépare les muscles
    © Shutterstock

    D'après une étude réalisée sur la souris, le corps fait appel à deux systèmes de contrôle pour réguler le taux de sucre dans le sang : le système homéostatique, qui implique l'insuline, et le système hédonique (ou système de récompense) – système de régulation cérébral qui met en jeu une hormone cérébrale nommée orexine. De l'orexine serait sécrétée lorsqu'on pense à un prochain repas sucré et abaisserait la concentration de sucre dans le sang.

    L'auteur

    Émilie Auvrouin est journaliste à Pour la Science.

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