• Le Dépistage pré-implantatoire (DPI) en question

    Jacques Testart, directeur de recherche à l'Inserm, analyse comment le dépistage préimplantatoire (DPI) a glissé du dépistage de maladies monogéniques au dépistage de facteurs de risques, indique « Gènéthique » (www.genethique.org).

    Il y a 20 ans, il avertissait déjà dans son livre « L'œuf transparent »* du risque « potentiellement eugénique » du DPI.

    Les praticiens décident, au cas par cas, si tel handicap est « d'une particulière gravité » et justifie de ce fait un DPI. Seules les limites technologiques peuvent s'opposer à certaines demandes de parents. Pour J. Testart « la fabrique de l'enfant s'inscrit de plus en plus en mission responsable où on craint davantage la légèreté des géniteurs (consommation d'alcool ou de tabac par exemple) que les abus technologiques ».

    Le DPI a été conçu pour éviter l'implantation d'embryons atteints de maladies monogéniques afin de ne pas pratiquer ultérieurement une interruption médicale de grossesse (IMG). Mais, pour Jacques Testart, le nombre élevé des critères de tri des embryons par DPI étend de facto les indications d'exclusion par rapport à celles de l'IMG. Le DPI a ensuite franchi une étape supplémentaire en dépistant des embryons porteurs de risques de cancers et d'autres « maladies à prédisposition génétique » au nombre potentiellement infini. Ainsi « certains praticiens revendiquent même le DPI pour sélectionner l'embryon ayant les meilleures promesses de QI ».

    J. Testart montre que la sélection de l'enfant selon son sexe, acte « discret » en occident et « ouvertement revendiqué en Asie », est une « caricature dramatique de l'opinion médicale occidentale » qui s'arroge le droit d'identifier des vies « qui ne valent pas la peine d'être vécues ».

    En France, les trois centres de DPI prévoient le dépistage de quarante anomalies génétiques différentes. J. Testart s'inquiète d'une pratique « qui, pour chaque embryon, cumulerait tous les marqueurs disponibles d'anomalies ou de risques d'anomalies afin de retenir l'embryon qui présenterait le meilleur profil génétique ». La limite technique d'un tel « DPI multipotent » est le nombre « limité d'embryons » disponibles (environ 10 embryons par couple) car étant donné la large palette des « exigences de normalité », il sera difficile sur 10 embryons d'en identifier 1 « entièrement normal ». Afin de permettre à un couple d'obtenir plus d'embryons sans passer la pratique contraignante de la stimulation ovarienne, plusieurs laboratoires tenteraient de « fabriquer » des ovules par des techniques impliquant la différenciation in vitro de cellules ovariennes immatures.

    Pour éviter l'utopie de l'enfant parfait, Jacques Testart propose de poser des limites à l'extension du DPI. En 2000, date de l'introduction du DPI en France, avec Bernard Sèle (CHU Grenoble) il avait proposé « de limiter définitivement le DPI à l'établissement du caryotype et à la recherche d'un seul variant (gène) pathologique pour l'ensemble des embryons présents chez un même couple » afin d'éviter « le formatage d'un Homo geneticus universel ». Cette proposition n'avait rencontré qu'indifférence, voire hostilité ...

    * L'œuf transparent de J. Testart, Ed
    Flammarion, 1986.

    © genethique.org

    Source : Le Monde (Jacques Testart) 14/10/06

    ZF06101610


    votre commentaire
  • cette démarche scientifique, faite de doute et d'imagination, d'habileté intellectuelle et manuelle, qui permet à la science de se construire par l'incessante confrontation des faits et des idées.

     

     

    Depuis
    une trentaine d'années, la systématique
    phylogénétique a modifié les classifications
    biologiques traditionnelles.


    Il
    convient d'aller à l'encontre d'un certain nombre
    d'idées fausses (vision linéaire de l'évolution,
    finalisme et anthropocentrisme conduisant à décrire
    l'évolution biologique comme une série de
    perfectionnements aboutissant à l'Homme, persistance du
    concept de « fossile vivant »... ).


    Il
    est important également de veiller à une bonne
    compréhension du vocabulaire scientifique : « ancêtre
    commun », « chaînon manquant », « lien
    de pare n t é », etc. En effet, si on n'y prêtait
    pas g a rde, la confusion entre un vocabulaire courant ( a n c ê
    t re, parenté...) et un vocabulaire spécialisé
    risquerait d'aboutir au placage naïf d'une généalogie
    – au sens propre – sur une phylogénie.


     


    votre commentaire




  • stabilité de la biosphère  <> variabilité des espèces (évolution) ;
    stabilité de l'espèce <> variabilité
    des individus (procréation, génétique) ;
    stabilité de l'individu <> la variabilité
    de certains de ses constituants (immuno).
    Le
    monde vivant présente une unité structurale et
    fonctionnelle mais aussi une très grande diversité ;
    cette diversité lui permet de se maintenir globalement au
    cours du temps et de s'étendre dans l'espace.

     



    votre commentaire

  • Dans
    plusieurs domaines, le programme de troisième aborde des
    questions qui peuvent susciter des débats sur des choix
    éthiques techniques de procréation médicalement
    assistée, IVG, dons et prélèvements d'organes
    ... L'enseignant doit attirer l'attention des élèves
    sur le fait que l'établissement de normes éthiques est
    un choix de société qui doit impliquer une réflexion
    de citoyens informés représentatifs de groupes sociaux
    divers, et qu'il ne relève pas de la compétence
    exclusive du scientifique. Le rôle de ce dernier est d'informer
    des risques scientifiquement prévisibles qui peuvent découler
    de l'application d'une pratique ou d'une technologie nouvelle. La
    pertinence des choix dépend de la qualité de la
    formation et de l'éducation de l'esprit critique de tous.
    Cette étude se fait en relation avec le professeur d'éducation
    civique.


    votre commentaire

  • En France, le Comité Consultatif
    National d'Ethique (CCNE), dans son projet
    de révision des lois bioéthique de janvier 2000
    ,
    reconnaissait l'embryon comme une personne humaine potentielle dont
    le respect s'impose à tous [...] considérait que le
    devoir de la société est de promouvoir le progrès
    thérapeutique et de hâter l'amélioration de la
    prévention et du traitement de maladies aujourd'hui incurables
    ou difficilement soignables [...] et se prononçait pour une
    utilisation très encadrée des embryons surnuméraires,
    issus de la fécondation in vitro, en tant que sources
    de cellules souches.


    Jusqu'au mois de juillet 2004, la législation française
    a interdit l'utilisation de ces embryons surnuméraires y
    compris pour la recherche. Seul était autorisé, depuis
    des décennies, l'établissement de lignées de
    cellules souches à partir d'embryons ou de foetus issus
    d'avortements naturels ou provoqués.


    En juillet 2004 dans sa loi
    sur la bioéthique
    , le Parlement a autorisé les
    chercheurs à utiliser les embryons surnuméraires ne
    faisant plus l'objet d'un projet parental - et cela, dans un cadre
    très réglementé, pour une période
    probatoire de cinq ans, et sous la condition que les deux parents
    aient donné leur accord.


    En Europe, de nombreux pays disposent de ce droit depuis des
    années (Belgique, Danemark, Finlande, Grèce, Hollande,
    Suède et Grande-Bretagne) ce qui a entraîné chez
    eux un essor de la recherche dans ce domaine incroyablement évolutif.


    Aux Etats-Unis, la situation est très complexe et diffère
    selon que les recherches sont menées sous l'égide
    d'institutions fédérales ou locales, sur des embryons
    surnuméraires obtenus avant ou après l'élection
    du président Bush de l'an 2000, ou selon qu'elles sont
    financées par des fonds publics ou privés...

     

    http://www.snv.jussieu.fr/vie/bib/dos-doc/1documents.htm


     



    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique