• Les femelles de sergent-major à queue en ciseaux s'assurent de la qualité des mâles en leur confiant d'abord la garde de quelques œufs.

    Loïc Mangin

    Comment s'assurer de la qualité du partenaire lorsqu'il y va de la survie de la descendance ? Cette question se pose avec acuité chez certaines espèces de poissons dont les femelles confient les œufs au mâle pour qu'ils les protègent. Par exemple, chez la blennie commune (Ophioblennius atlanticus) les femelles privilégient les grands mâles, mieux à même de protéger la progéniture de l'appétit des prédateurs. Andrea Manica, de l'Université de Cambridge, a étudié la stratégie étonnante d'une autre espèce, le sergent-major à queue en ciseaux (Abudefduf sexfasciatus).

    Ce poisson de la famille des Pomacentridae (celle des poissons-clowns), qui atteint 16 centimètres de longueur, vit dans les récifs coralliens de la zone Indopacifique où il se nourrit de larves d'invertébrés, de petits poissons, de crustacés... Les œufs (des ovules) sont pondus en une couche qui, fixée à un substrat, est énergiquement défendue par le mâle (après qu'il les a fécondés) de la voracité des Labridae (labres, napoléons...) et des Serranidae (bars, mérous...). Les mâles, polygames, collectent les œufs de plusieurs femelles, jusqu'à 12.

    Par différentes expériences, A. Manica a montré que certaines femelles de sergent-major n'attendent pas que le mâle vienne récupérer les œufs. Elles déposent d'abord quelques œufs dans des territoires conquis et gardés par des mâles. Elles reviennent quelques jours après et ne pondront davantage que là où des œufs tests sont encore présents, ce qui traduit l'efficacité du mâle à les protéger. De la sorte, la femelle « vérifie » la qualité du père. Cependant, compte-tenu du coût énergétique de cette stratégie, seuls 7,4 pour cent des femelles étudiées se sont livrées à cette sélection.

     

    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-le-sergent-major-un-poisson-prudent-24077.php

    Le sergent-major, un poisson prudent
    © N. Potensky

    Le sergent-major à queue en ciseaux (Abudefduf sexfasciatus) vit dans les récifs coralliens de la région indopacifique.

    L'auteur

    Loïc Mangin est rédacteur en chef adjoint à Pour la Science.

    Pour en savoir plus

    A. Manica, Female scissortail sergeants (Pisces : Pomacentridae) use test eggs to choose good fathers, Animal Behaviour, vol. 79(1), pp. 237-242, 2010.

    votre commentaire
  • La culture générale dépendrait surtout de facteurs génétiques, plus encore que le quotient intellectuel.

    Sébastien Bohler

    Certaines personnes sont qualifiées d'encyclopédies vivantes. Sans être toujours les plus intelligentes, on croirait que tout ce qu'elles lisent s'imprime en elles. Érudits, puits de science, champions de plateaux de télévision : ces personnes sont dotées d'une vaste culture générale.

    D'où leur vient leur capacité à tout emmagasiner, à rappeler des faits historiques à bon escient, à opérer des rapprochements entre monuments architecturaux et poésies ? En grande partie, d'une prédisposition génétique. Des généticiens croates, de l'Université de Zagreb, ont mesuré le niveau de culture générale de 157 jumeaux, vrais (ayant exactement les mêmes gènes) et faux (partageant la moitié de leur patrimoine génétique). Les résultats parlent d'eux-mêmes : les vrais jumeaux ont des niveaux de culture générale étonnamment proches, indépendamment de leur niveau d'études, de leurs centres d'intérêt ou de l'éducation reçue, alors que les faux jumeaux ont des cultures générales plus disparates. Le taux d'héritabilité de ce caractère, qui désigne le rôle joué par les gènes par rapport à l'environnement, serait de 0,87 (un taux de 1,00 signifierait que la culture générale est entièrement déterminée génétiquement, ce qui est impossible étant donné l'influence de l'environnement).

    Ces résultats nous apprennent que la culture générale est le résultat d'une attitude par rapport au monde, d'une grande curiosité, d'un esprit associatif et d'un appétit de connaissance, ce qui pourrait s'inscrire dans les dimensions fondamentales du tempérament, en partie étayées par les gènes.

    La même étude révèle que le quotient intellectuel des personnes interrogées dépend moins directement du patrimoine génétique. Contre toute attente, l'intelligence pourrait donc être davantage éduquée que la connaissance pure ! Des résultats à confirmer...

    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-la-culture-generale-est-elle-genetique-24125.php


    votre commentaire
  •  

    The fossil record of the earliest tetrapods (vertebrates with limbs rather than paired fins) consists of body fossils and trackways. The earliest body fossils of tetrapods date to the Late Devonian period (late Frasnian stage) and are preceded by transitional elpistostegids such as Panderichthys and Tiktaalik that still have paired fins. Claims of tetrapod trackways predating these body fossils have remained controversial with regard to both age and the identity of the track makers. Here we present well-preserved and securely dated tetrapod tracks from Polish marine tidal flat sediments of early Middle Devonian (Eifelian stage) age that are approximately 18 million years older than the earliest tetrapod body fossils and 10 million years earlier than the oldest elpistostegids. They force a radical reassessment of the timing, ecology and environmental setting of the fish–tetrapod transition, as well as the completeness of the body fossil record.

     

    Nature 463, 43-48 (7 January 2010) | doi:10.1038/nature08623; Received 21 July 2009; Accepted 29 October 2009

    http://www.nature.com/nature/journal/v463/n7277/full/nature08623.html

    video :

    http://www.nature.com/nature/videoarchive/tetrapods/index.html


    votre commentaire
  • Situées 780 millions d'années seulement après le Big Bang, ces galaxies primordiales éclairent l'histoire de la formation de l'Univers actuel.

    Philippe Ribeau-Gésippe

    De quand datent les premirèes galaxies ? Comment se sont-elles formées ? comment ont-elles « réionisé » l'Univers, empli d'hydrogène neutre au sortir du Big Bang ? Répondre à ces questions nécessite d'observer des galaxies toujours plus lointaines dans l'espace, et donc plus éloignées dans le temps.

    Le télescope spatial Hubble vient de franchir un nouvelle étape en ce sens en découvrant une population de galaxies primordiales parmi les plus lointaines jamais observées. Ces données ont été receuillies en août 2009 grâce à la caméra infrarouge WFC3, récemment installée. Cinq équipes d'astronomes ont analysé ces données et présentent aujourd'hui leurs résultats à la réunion de la Société américaine d'astronomie, à Washington.

    L'image la plus profonde jamais obtenue dans le proche infrarouge – l'image HUDF09 – a été combinée avec une image en lumière visible du champ ultraprofond de Hubble, prise en 2004. L'analyse a permis d'identifier 29 cadidats galaxies, dont 12 ont un décalage vers le rouge de 6.3 et quatre se situent au-delà d'un décalage vers le rouge de 7 ; le décalage vers le rouge mesure l'étirement de la longueur d'onde, ou « rougissement » de la lumière d'une source due à l'expansion de l'espace, et donc donne indirectement la distance de cette source. Cela correspond à une époque située, respectivement, 890 millions années et 780 millions d'années après le Big Bang alors que l'Univers était encore dans sa toute petite enfance.

    À proprement parler, la lumière émise par ces objets profonds est trop faible pour mesurer précisément leur décalage vers le rouge par spectroscopie. Ce dernier est donc estimé à partir de la couleur apparente de ces galaxies. Pour préciser l'âge, mais aussi la masse de ces galaxies primordiales, les astronomes ont combiné les données de Hubble avec celles du télescope spatial infrarouge Spitzer.

    Ils ont ainsi constaté que ces galaxies sont intrinséquement très bleues, c'est-à-dire dépourues d'élements lourds et de poussière, qui rougissent le spectre lumineux. Leur masse ne dépasse pas un pour cent de celle de la Voie lactée, et leur diamètre est 20 fois plus petit. Ces petites galaxies primordiales renforcent ainsi le modèle hiérarchique de formation des galaxies, selon lequel des fusions successives conduisent à la formation de galaxies de plus en plus volumineuses, pour aboutir aux galaxies géantes actuelles.

    Ces galaxies nouvellement découvertes situées 700 millions d'années après le Big Bang doivent avoir commencé à se former quelques centaines de millions d'années plus tôt, ce qui repousse d'autant l'époque de formation des premières étoiles dans l'Univers. Une population importante de galaxies se trouve même peut-être juste en dessous de la limite de détection autorisée par Hubble.

    Le problème de la réionisation reste pourtant entier : ces premières galaxies ne semblent pas dégager assez de rayonnement pour « réioniser » tout l'hydrogène neutre qui emplissait l'Univers après la formation des atomes, 300 000 après le Big Bang (c'est-à-dire le faire passer de l'état d'atomes neutres à l'état d'ions chargés, en arrachant des électrons). Les astronomes pensent que la réionisation a commencé avec les premières étoiles, vers 400 millions d'années, et s'est achevée vers 900 millions d'années après le Big Bang, mais ils ne savent toujours pas exactement quelles sources lumineuses en sont responsables. Peut-être les galaxies primordiales dont la luminosité est inférieure à la limite de détection de Hubble sont-elles assez nombreuses pour expliquer la réionisation, ou peut-être les galaxies découvertes étaient-elles plus efficaces qu'on ne le pense pour réioniser le contenu de l'Univers ?

    La sensibilité du télescope spatial James Webb, dont le lancement est prévu en 2014, permettra sans doute de lever un coin supplémentaire du voile en étudiant plus en détails ces galaxies primordiales et en en découvrant d'autres, encore plus lointaines.

    Hubble observe les plus lointaines galaxies primitives
    Credit: NASA, ESA, G. Illingworth and R. Bouwens (University of California, Santa Cruz), and the HUD

    Sur cette image de l’Univers, la plus lointaine jamais prise dans le domaine de l'infrarouge proche, les plus petits objets visibles et aussi les moins intenses (entourés de cercles jaunes, à gauche) sont des galaxies âgées de 12.9 à 13.1 milliards d’années. Cette image a été obtenue par la caméra grand angle WFC3 sensible aux infrarouges proches, installée récemment à bord de Hubble.

    Pour en savoir plus

    L'auteur

    Philippe Ribeau-Gésippe est rédcateur à Pour la Science.

    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-hubble-observe-les-plus-lointaines-galaxies-primitives-24107.php


    votre commentaire
  • Voici notre palmarès des découvertes scientifiques les plus remarquables de 2009. Plus ou moins fondamentales et plus ou moins susceptibles de donner lieu à des applications concrètes, elles incitent toutes à aller de l’avant. À découvrir en détail dans notre n°437 daté janvier.

    Détourner des cellules pour soigner le diabète. Soigner le diabète à l’aide d’un médicament qui rétablirait la production d’insuline dans le pancréas? Les patients et leurs proches en rêvent. La quête d’une molécule capable de le faire commence, à la suite d’une découverte fondamentale réalisée cette année par une équipe franco-allemande.

    L‘année de l’eau sur la Lune. On a trouvé de l’eau sur la Lune ! Et plutôt deux fois qu’une ! En septembre, une première salve de publications dans la revue Science a montré la présence d’eau à la surface de notre satellite. Et deux mois plus tard, la NASA a annoncé en avoir aussi découvert au fond d’un cratère sous forme de glace.


    Premiers monopôles magnétiques. Des physiciens ont mis en évidence des « monopôles magnétiques » – entités qui ne possèdent qu’un seul pôle, nord ou sud – plus d’un siècle après que leur existence a été prédite par des théoriciens.


    Graisse brune contre graisse blanche. Du tissu adipeux « brun », qui brûle des calories au lieu de les stocker : les nouveau-nés en possèdent, mais on pensait qu’il disparaissait rapidement. La preuve est faite désormais que les adultes en bénéficient aussi.


    Une trace physique de la mémoire. Une expérience originale a permis de démontrer qu’un souvenir particulier est codé, dans le cerveau, par un petit nombre de neurones bien définis.


    La vie a commencé avec l’ARN. Le scénario des origines de la vie sur Terre donnant la première place à l’ARN, ­ une molécule plus simple que l’ADN, ­vient d’être conforté. Des chimistes ont réussi à en synthétiser l’un des constituants.


    Calculer avec des données cryptées. En chiffrant les données que l’on confie à un tiers, on s’assure qu’elles seront conservées en sécurité. Mais jusqu’à présent il était impossible de faire des calculs à distance sur ces données. Le premier algorithme de chiffrement permettant de les manipuler à loisir a été découvert cette année.


    Des clones encore plus ressemblants. Jusqu’à présent cloner un animal nécessitait de disposer d’ovocytes. Mais une nouvelle méthode permet de s’en dispenser. Elle fait appel aux « cellules souches pluripotentes induites » pour créer des clones d’un nouveau genre.


    Les Chinois ne sont pas seuls à avoir inventé la soie. La découverte de fibres de soie au Pakistan remet en question l’idée que la Chine en ait inventée seule la fabrication.


    Trois nouveaux gènes associés à la maladie d’Alzheimer. La découverte de nouveaux facteurs de risque génétiques dans la maladie d’Alzheimer ouvre des pistes aux scientifiques.

     

    La Recherche

    http://www.larecherche.fr/content/actualite-sante/article?id=26854


    votre commentaire