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    De nombreux scientifiques s’inquiètent aujourd’hui de la fonte accélérée de la couverture de glace en Antarctide occidentale ainsi que de la disparition de la banquise, mais peu de renseignements étaient disponibles sur leur évolution passée. Cette lacune est maintenant comblée, et les conclusions ne rassurent guère…

    Les climatologues de l’université du Massachusetts ont modélisé les variations au cours des cinq derniers millions d’années survenues dans la partie occidentale de l'Antarctide, c'est-à-dire, par convention, les longitudesouest, dont les côtes sont essentiellement tournées vers le Pacifique. Ils démontrent que la fonte des glaces est influencée principalement par latempérature de l’océan à proximité du continent.

    « Nous avons constaté que la couverture de glace antarctique varie beaucoup, s’effondrant et se reconstituant à de nombreuses reprises au cours de cette période », rapporte le professeur David Pollard, du Penn State's College of Earth and Mineral Sciences' Earth and Environmental Systems Institute, qui publie ce 19 mars ses conclusions dans la revueNature, avec Robert M. de Conto, climatologue à l’université du Massachusetts.

    Ces auteurs rendent aussi compte des résultats du premier forage effectué à la station McMurdo (près de la banquise de Ross), destiné à retracer l’histoire paléoclimatologique, dans le cadre du projet Andrill (Antarctic geological drilling).

    Un phénomène local qui se propage rapidement

    Ces résultats indiquent que la couverture glaciaire de l'Antarctide occidentale est stable et n’a pas bougé. Selon les chercheurs, elle ne fond pas et ne glisse pas vers la mer parce qu’elle est installée sur des roches qui se situent au-dessus du niveau des océans. En revanche, de l’autre côté du continent, l'Antarctide orientale, une grande partie de l’assise rocheuse se trouve à plusieurs centaines de mètres sous le niveau de la mer, de sorte que la glace qui la recouvre est vulnérable face au réchauffement océanique.

    « Nous avons établi que l’élévation de la température de l’océan avait provoqué d’abord la fonte des glaces flottantes ou en contact du côté oriental, celle-ci devenant la principale responsable des variations enregistrées en Antarctique occidental », explique en substance David Pollard.

    Lorsque les glaces flottantes fondent suffisamment, elles ne retiennent plus la couverture glaciaire qui se met à glisser vers l’océan, formant de nouvelles glaces flottantes rapidement absorbées par la mer. La totalité de la calotte située du côté Pacifique peut ainsi disparaître, comme cela a été le cas à plusieurs reprises durant la période étudiée.

    Cette modélisation sur une longue période n’a pas été effectuée à partir de modèles de circulation océanique utilisés dans la reconstitution de l’histoire du climat, car cette procédure étalée sur une telle durée réclamerait plusieurs années de calcul. Au lieu de cela, les chercheurs se sont basés sur l’étude des variations isotopiques de l’oxygène en mer profonde, indicatrices des modifications de la température des océans, et notamment de l’18O (isotope de l'oxygène).

    Modification du rythme naturel par l'Homme

    Les scientifiques ont comparé les relevés actuels aux prélèvements effectués dans le cadre du projet Andrill, dont les strates relevées dans les carottages sont caractéristiques de l’histoire climatologique du contient antarctique. Il en résulte que durant la première partie des cinq millions d’années, fonte des glaces et reconstitution de la banquise s’opéraient avec une périodicité d’environ 40.000 ans, ce qui correspond au cycle de variation de l’inclinaison de l’axe terrestre. Plus près de notre époque cependant, la périodicité s’est accrue jusqu’à 100.000 ans, comme prévu par les modèles, pilotée par la période glaciaire.

    David Pollard pense qu’en l’absence des hommes, ces cycles se reproduiraient au même rythme à l’avenir, sur une échelle de plusieurs dizaines de milliers d’années. Mais avec l’accélération du réchauffement climatique provoqué par l’augmentation du taux de l’atmosphère en gaz à effet de serre, « il suffirait d'une centaine à quelques centaines d'années pour que les eaux de l'océan austral, autour de l'Antarctide, atteignent une température suffisante pour que la glace disparaisse presque totalement de la partie occidentale du continent dans quelques milliers d'années ».

     


    Douze mille ans d'évolution des glaces de la partie occidentale de l'Antarctide (en rose) il y a un million d'années. Source : David Pollard/Robert DeConto / Nature

     


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  • Erik Rue, capitaine d’un bateau naviguant sur les eaux de l’estuairesalé du lac Calcasieu, en Louisiane, n’en a pas cru ses yeux lorsqu’il a aperçu pour la première fois un dauphin rose nageant au milieu d’un groupe de congénères, ceux-là parfaitement normaux.

    Depuis sa première rencontre, Erik Rue a de nouveau observé plusieurs dizaines de fois son dauphin rose bonbon et ne manque pas l’occasion de le photographier. La couleur de ce surprenant mammifère marin est d’ailleurs assortie au rouge vif de ses yeux, indiquant qu’il s’agit d’une rare forme d’albinisme jamais rencontrée à ce jour dans cette espèce.

    « Je n’ai jamais rien vu de tel, raconte Erik Rue, encore sous le coup de l’émotion. Tout le corps est de cette couleur, et il semble tout juste sortir d’un seau de peinture. »

    Excepté sa teinte inhabituelle, l’animal, qui a été surnommé Pinky, présente une morphologie absolument normale et rien ne le différencie de ses compagnons de jeu. Il semble rester constamment auprès d’une femelle, qui pourrait être sa mère, et dont la coloration est, elle, conforme aux canons de l'espèce…

    Bien qu’il ne semble pas affecté par la luminosité comme le sont quelquefois les individus frappés d’albinisme, le dauphin rose semble rester un plus longtemps sous la surface que les autres animaux du groupe.

    A ne pas confondre avec le

    Selon Regina Asmutis-Silvia, biologiste au Whale and Dolphin Conservation Society (WDCS), il s’agit d’un « dauphin superbe auquel les gens devraient faire attention, comme avec tout autre dauphin – le respecter – l’observer à distance, limiter le temps d’observation, ne pas l’embêter ou le chasser ». La scientifique confirme qu’il s’agit bien d’un albinos, sans qu’il soit possible actuellement de déterminer de quel type d’albinisme il s’agit exactement.

    Ce cas n’est pas à confondre avec le dauphin rose d'Amazonie, ou botoInia geoffrensis (Inie de Geoffroy) de son nom scientifique. Ce mammifère aquatique cousin du dauphin est une espèce d'eau douce vivant dans le bassin de l’Amazone et présentant aussi une coloration rose de la peau.

     


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  • Par Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences       <script type="text/javascript"> var addthis_pub="futurasci"; var addthis_language = "fr"; var addthis_header_color = "#ffffff"; var addthis_header_background = "#000000"; var addthis_options = 'facebook, email, twitter, favorites, digg, delicious, myspace, google, live, technorati, linkedin, more'; var addthis_localize = { email_caption: "Email", more: "autres...", email: "Email"}; </script> Bookmark and Share <script src="http://s7.addthis.com/js/200/addthis_widget.js" type="text/javascript"></script>

    En Thaïlande, des scientifiques du Nevada ont pêché, puis relâché, une raie d'eau douce géante, d'une espèce connue et dont le poids a été estimé entre 250 et 350 kilogrammes. Or, le record du genre se situe dans cette fourchette...

    Soutenue financièrement par le National Geographic, l'expédition menée par des biologistes de l'université de Reno (Nevada, Etats-Unis) avait un but : étudier en Asie du Sud-Est le plus grand poisson d'eau douce connu, la raie géante, Himantura chaophraya de son nom scientifique. Découverte il y a vingt ans, cette espèce est mal connue et méritait bien que quelques naturalistes s'y intéressent. Ce voyage est la face la plus visible du Megafishes Project, lancé il y a cinq ans pour étudier l'écologie de cet animal, donc en estimer les populations, leurs besoins en nourriture, leur espace vital ou leurs conditions de vie, mais aussi pour protéger cette espèce.

    Le 28 janvier 2009, dans le Mékong, Ian Welch, un des pêcheurs de l'expédition, a réussi à attraper un spécimen énorme. Presque circulaire, l'animal atteignait environ deux mètres de diamètre. Dirigée par Zeb Hogan, de l'université de Reno, l'équipe a mesuré 2,01 mètres de largeur (on parle souvent d'envergure pour une raie...) pour 2,10 mètres de longueur, mais le poisson avait perdu sa queue. Avec elle, la longueur totale aurait atteint environ 4,5 mètres. D'après Zeb Hogan, ce n'est pas la plus grande connue. Lui-même a vu raie une plus large au Cambodge en 2003.

    Des poissons qui se déplacent peu ?

    Remise à l'eau après avoir été marquée, la raie... a été repêchée un mois plus tard, le 28 février, environ quatre kilomètres plus loin. L'animal n'a pas pu être pesé et les chercheurs n'ont pu qu'estimer son poids, entre 250 et 350 kilogrammes. Pour un poisson d'eau douce, le record semble être détenu par un poisson-chat pêché en 2005 dans le Mékong et qui pesait 293 kg. On ne saura donc pas si la raie géante rencontrée en Thaïlande fait mieux ou non.

    Le fait que le même animal ait été repêché à quelques kilomètres un mois plus tard incite à penser que ces raies se déplacent moins qu'on ne le pensait ou bien que les populations sont plus petites. Il faudra attendre d'autres captures pour préciser ces points.

    L'équipe a pu marquer 18 individus, ce qui reste insuffisant. Zeb Hogan estime qu'il en faudrait au moins une quarantaine pour pouvoir en tirer des conclusions sur les populations. Le travail n'est donc pas terminé mais cette aventure scientifique fera bientôt l'objet d'un documentaire télévisé sur National Geographic Channel.

    Un membre de l'expédition installe la raie géante qui vient d'être capturée dans le Mékong. © Zeb Hogan
    Un membre de l'expédition installe la raie géante qui vient d'être capturée dans le Mékong. © Zeb Hogan
    http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/developpement-durable-1/d/une-raie-geante-decouverte-en-thailande_18586/#xtor=RSS-8

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  • Source : Destination Santé       <script type="text/javascript"> var addthis_pub="futurasci"; var addthis_language = "fr"; var addthis_header_color = "#ffffff"; var addthis_header_background = "#000000"; var addthis_options = 'facebook, email, twitter, favorites, digg, delicious, myspace, google, live, technorati, linkedin, more'; var addthis_localize = { email_caption: "Email", more: "autres...", email: "Email"}; </script> Bookmark and Share <script src="http://s7.addthis.com/js/200/addthis_widget.js" type="text/javascript"></script>

    Décidément, le stress n’est vraiment pas bon pour le cœur. Non seulement il aggraverait la santé des patients souffrant d’insuffisance cardiaque, mais il menacerait aussi les personnes saines, particulièrement les hommes.

    Une méta-analyse britannique a passé en revue 43 études sur le sujet. Le Pr Yoichi Chida et son équipe (University College, à Londres) sont catégoriques : « le stress augmente de 19% le risque de maladie coronarienne chez le sujet sain. Et de 24% le risque d’attaque chez les cardiaques ». C'est la conclusion de l'étude dont les résultats viennent d'être publiés dans la revue Journal of the American College of Cardiology

    Certes, ce n’est pas la première fois que le stress est pointé comme un facteur aggravant d’une faiblesse cardiaque. En revanche, son implication dans la détérioration de systèmes cardiovasculaires sains constitue vraiment une nouveauté.

    Une raison inconnue

    « Nous pensons que l’explication du rôle néfaste du stress est à chercher dans la capacité de notre organisme à accumuler le stress » expliquent les auteurs. « Nous endurons énormément, jusqu’au jour où notre cœur sature ».

    Mais comment cela se produit-il ? Yoichi Chida reste prudent, et n’avance aucune explication. En revanche, il préconise « une prise en charge sérieuse de tout signe de stress manifeste chez un patient, comme l’excès de colère et la mauvaise humeur chronique ».

    La joie est bonne pour le cœur. © Ghost/Fotolia
    La joie est bonne pour le cœur. © Ghost/Fotolia
    http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/medecine/d/le-stress-favoriserait-les-maladies-coronariennes_18603/#xtor=RSS-8

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  • Par Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences       <script type="text/javascript"></script> Bookmark and Share <script src="http://s7.addthis.com/js/200/addthis_widget.js" type="text/javascript"></script>

    Dans deux météorites célèbres, celle d'Orgueil et celle de Murchison, une équipe de la Nasa a découvert parmi les acides aminés présents un excès de la forme dite gauche. Ce déséquilibre rappelle puissamment une caractéristique énigmatique de ces molécules qui forment les protéines de la vie terrestre, uniquement composées de formes gauches.

    Les biochimistes ont une lancinante énigme à résoudre : l'asymétrie des acides aminés composant les protéines des êtres vivants. Lorsqu'un chimiste synthétise ce genre de molécules, il obtient en même quantité deux formes, qui sont l'image l'une de l'autre dans un miroir, comme une main droite et une main gauche. Cette propriété, qui découle simplement de la forme de la molécule, s'appelle la chiralité. On dit qu'un acide aminé est une molécule chirale et les formes gauche et droite sont des énantiomères. Chimiquement, il n'existe pas de différence de propriétés entre les deux. Il faut en appeler à la physique pour constater que l'une dévie une lumière polarisée vers la gauche et l'autre vers la droite. Les énantiomères sont ainsi soit lévogyres, soit dextrogyres. Le chimiste obtient en général un mélange des deux en quantités égales et qui est dit racémique.

    La vie terrestre, contrairement au chimiste, a fait un choix et son mélange n'est pas du tout racémique. Tous les acides aminés sont lévogyres. La bactérie ou le séquoia, l'amibe ou le chimpanzé, le champignon ou la méduse, la mouche ou l'être humain, la limace ou l'algue bleue, ne connaissent que les acides aminés lévogyres. Et aucun chimiste ne peut donner d'explication...

    L'hypothèse consensuelle est le fait historique. La vie terrestre est née comme ça. Elle est apparue en une seule fois ou du moins dans un milieu prébiotique homogène, et là ne se trouvaient que des acides aminés lévogyres. Mais pourquoi ? Par hasard peut-être ou pour une raison inconnue.

    La clé de l'énigme est-elle astronomique ?

    Depuis longtemps l'idée a été émise que l'explication pourrait se trouver dans l'espace. Un précurseur d'un acide aminé présent dans les protéines, la glycine, a été découvert par spectroscopie dans un nuage interstellaire. En 1969, une météorite est tombée sur le village américain de Murchison. Il s'agissait d'une chondrite carbonée (de type CM) et son analyse a révélé qu'elle contenait quelque 70 acides aminés dont 8 font partie des 20 qui composent les protéines de tous les êtres vivants terrestres. L'analyse a aussi décelé des purines et des pyrimidines, c'est-à-dire des molécules semblables à celles présentes dans l'ARN et l'ADN. Ces briques auraient donc pu servir à une chimie prébiotique.

    Ces composants initiaux étaient-ils lévogyres ? Récemment, une équipe de chimistes de l'Argonne National Laboratory menée par Richard Rosenberg a découvert un mécanisme physique capable de produire dans le milieu interstellaire un mélange non racémique, sous l'action de rayons X et d'un champ magnétique.

    Daniel Glavin et Jason Dworkin, du Goddard Space Flight Center (Nasa) ont abordé le problème sous un autre angle et réexaminé plusieurs météorites, dont celle de Murchison et celle d'Orgueil, tombée en 1864 dans ce village français du Tarn-et-Garonne. Cette dernière est également une chondrite carbonée mais de type CI, considéré comme plus primitif (par rapport à la formation des corps du système solaire).

    L'analyse (par chromatographie) a révélé ce que l'on n'avait pas encore remarqué. L'un des acides aminés, l'isovaline, présente un excès important des formes lévogyres dans deux des météorites, précisément celles de Murchison et d'Orgueil. Ces excès sont respectivement de 18,5% (+/- 2,6) et de 15,2% (+/- 4,0). En revanche, dans deux chondrites de type CR, les plus primitives des météorites étudiées, aucune différence entre les deux énantiomères n'a été observée.

    Pour les auteurs, ces résultats ne peuvent s'expliquer par une longue exposition à des ultraviolets polarisés qui auraient forgé davantage une forme que l'autre. Daniel Glavin et Jason Dworkin estiment que ce déséquilibre a dû se produire durant une longue phase d'altération dans le corps massif dont la destruction a produit ces petits astéroïdes qui ont un jour rencontré la Terre. Selon eux, il est tout à fait possible que notre planète, au début de sa formation et de celle du système solaire, ait reçu de tels acides aminés majoritairement lévogyres. Les mécanismes chimiques à l'origine de la vie (comme la catalyse) auraient alors pu conduire à ne conserver que cette forme. Nous conserverions ainsi en nous, comme tous les êtres vivants de la Terre, la trace d'un phénomène physique qui a eu lieu quelque part autour du Soleil il y a plusieurs milliards d'années.

    Un fragment de la météorite de Murchison et, dans le tube, un peu de matériel qui en a été extrait.  © Argonne National Laboratory/Licence Commons
    Un fragment de la météorite de Murchison et, dans le tube, un peu de matériel qui en a été extrait. © Argonne National Laboratory/Licence Commons
    http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/biologie-3/d/les-premiers-acides-amines-de-la-vie-apportes-par-les-meteorites_18615/#xtor=RSS-8

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