• Un parasite du paludisme trouve une nouvelle cible

    Plasmodium vivax, un parasite du paludisme surtout présent en Asie et en Amérique du Sud, épargnait auparavant les populations africaines. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.

    Bénédicte Salthun-Lassalle

    Le paludisme tue de l'ordre de un million de personnes par an. Il est dû à des parasites unicellulaires appartenant au genre Plasmodium, qui sont transmis à l'homme par les moustiques anophèles. On croyait certaines populations humaines d'origine africaine naturellement résistantes à l'un des parasites, Plasmodium vivax. C'est pourquoi cette espèce, présente en Asie et en Amérique du Sud, est absente d'Afrique où sévit fortement l'espèce P. falciparum. Mais une collaboration de chercheurs malgaches, français et américains vient de montrer que les populations africaines ne sont plus résistantes à P. vivax.

    Les parasites P. falciparum et P. vivax – les deux plus fréquents – ont des cycles de vie complexes; ils évoluent alternativement chez le moustique et chez l'homme, où ils infectent différents types de cellules selon leur stade de développement.

    La maladie est provoquée par le cycle de développement dans les globules rouges, ou hématies, du sang humain : sous une forme appelée mérozoïte, les parasites pénètrent les globules rouges où ils se multiplient. Pour ce faire, P. vivax se lie à une protéine de surface (un récepteur) des globules rouges nommée Duffy. Les populations africaines étant presque toutes de groupe sanguin Duffy-négatif (leurs cellules sanguines sont dépourvues de ce récepteur), elles sont résistantes au parasite P. vivax. Du moins est-ce ce que l'on croyait.

    Le récepteur Duffy des hématies n'est désormais plus indispensable à P. vivax pour infecter les hématies. Les biologistes ont étudié les populations vivant à Madagascar, où des personnes d'origine indonésienne ou asiatique – et donc Duffy-positives – se sont mélangées avec des personnes Duffy-négatives d'origine africaine. Ils ont montré que le parasite est présent dans le corps des personnes Duffy-négatives, chez qui il provoque un accès palustre (fièvre, frissons, sueurs, maux de tête, troubles digestifs et courbatures). En outre, P. vivax a bien été observé dans leurs globules rouges, malgré le fait qu'ils soient dépourvus de récepteurs Duffy.

    Ce parasite a donc trouvé une nouvelle voie d'entrée, qui reste inconnue. Certaines stratégies vaccinales tentent d'empêcher le parasite d'envahir les cellules humaines, et notamment les globules rouges ; le vaccin cible alors l'interaction du récepteur Duffy avec son ligand parasitaire. Cette stratégie pourrait devenir inefficace puisque le parasite semble se fixer à un autre récepteur. Et il est à craindre que P. vivax vienne infecter les populations africaines.

    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-un-parasite-du-paludisme-trouve-une-nouvelle-cible-24752.php

    Un parasite du  paludisme trouve une nouvelle cible
    © Shutterstock/Kletr

    Ce moustique anophèle est peut-être infecté par un parasite du paludisme : il s’apprête à le transmettre à l’homme. Les populations africaines étaient jusqu'ici résistantes à l’une des espèces du parasite, P. vivax, mais ce parasite est parvenu à déjouer cette résistance.

    L'auteur

    Bénédicte Salthun-Lassalle est journaliste à Pour la Science.

    Pour en savoir plus

    Claire Panosian Dunavan, La lutte contre le paludisme, Pour la Science n° 343, mai 2006

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