• Manteau terrestre : une structure à une couche

    Un nouveau modèle géophysique conforte la thèse selon laquelle le manteau terrestre serait constitué non de deux couches, mais d'une seule couche qui ne serait pas homogène.
    Jean-Jacques Perrier

    Le manteau terrestre comporte-t-il deux couches ou une seule ? Deux géochimistes des Universités Rice et Harvard proposent un modèle en faveur d'un manteau à couche unique, mais qui serait hétérogène.


    Leur point de départ est une observation géochimique : la composition des basaltes des îles océaniques, telles Hawaii et la Réunion, et celle des dorsales océaniques diffèrent. Les basaltes des îles océaniques semblent résulter d'une remontée de matière profonde, d'un « point chaud » qui devrait être localisé dans le manteau profond, tandis que les seconds auraient une origine plus superficielle. Pour aboutir à cette conclusion, les géochimistes ont étudié les rapports de deux isotopes de l'hélium : l'hélium 3, un isotope « primordial » incorporé au manteau profond lors de la formation de la Terre, et l'hélium 4, issu de la décomposition radioactive d'éléments du manteau supérieur (uranium et thorium). Le rapport isotopique est inférieur pour les basaltes de point chaud. Cette observation semblait conforter l'hypothèse d'un manteau supérieur et d'un manteau inférieur séparés par une zone de transition située entre 410 et 660 kilomètres de profondeur.


    Toutefois, selon la théorie de la tectonique des plaques, le manteau est parcouru de courants de convection. Or la convection se produisant dans l'ensemble du manteau, elle devrait mélanger les différents isotopes de l'hélium et tous les basaltes devraient avoir la même composition. De surcroît, lorsque deux plaques entrent en collision, l'une plonge sous l'autre et pénètre dans le manteau supérieur. Or certaines plaques plongeantes semblent s'enfoncer bien au-delà de la zone de transition. Voilà qui plaide pour un manteau à couche unique.


    Afin de réconcilier les différentes données, les deux géochimistes proposent un nouveau modèle : les plaques plongeantes seraient pauvres en hélium, car ce gaz serait libéré en surface par dégazage. De ce fait, le contenu en hélium 3 du manteau profond aurait diminué au cours du temps, ce qui aurait ralenti l'homogénéisation du manteau par convection (une partie de hélium 3 serait restée « piégée » en profondeur).


    Francis Albarède, de l'École normale supérieure de Lyon avait proposé un scénario voisin en 2008 : selon lui, le manteau serait bien constitué d'une seule couche hétérogène. D'une part, le manteau profond serait riche en gaz primordiaux tel l'hélium 3 ; d'autre part, la zone de transition entre la couche supérieure et la couche inférieure serait moins étanche qu'on ne le croyait, en particulier sous le Pacifique et l'Afrique.

    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-manteau-terrestre-une-structure-a-une-couche-22538.php


    Manteau terrestre : une structure à une couche
    J.D. Griggs
    Fontaine de lave à Hawaii.

    POUR EN SAVOIR PLUS

    H.M. Gonnermann et S. Mukhopadhyay,Preserving noble gases in a convecting mantleNature, vol. 459, pp. 560-563, 2009.

    À VOIR AUSSI

    Pour la Science
    Représentation de la structure classique à deux couches du manteau terrestre. Les points chauds telles les îles Hawaii naîtraient d'une remontée de matière chaude depuis le manteau profond.

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