Chaque hiver, arrive sur le marché un nouveau vaccin contre la grippe, qu'il est recommandé d'administrer aux nourrissons et aux personnes fragiles (âgées ou dont le système de défense est affaibli). Ce vaccin diffère chaque année parce qu'il est adapté à la souche du virus grippal qui sera la plus répandue. L'idéal serait de trouver un vaccin universel protégeant contre n'importe quelle souche du virus.
Les découvertes de Damian Ekiert et de ses collègues, de l'Institut de recherche Scripps à La Jolla en Californie, et de Jianhua Sui et de ses collègues, de la Faculté de médecine Harvard à Boston, devraient y contribuer.
Les virus de la grippe diffèrent notamment par leur enveloppe qui contient des hémagglutinines, des protéines permettant au virus de se fixer sur sa cible cellulaire et de l'infecter. Or il existe plusieurs types de ces protéines, nommées H1, H2, H3, etc., qui changent chaque année en fonction des réservoirs animaux du virus grippal. L'équipe de D. Ekiert a isolé un anticorps humain, nommé CR6261, qui reconnaît un grand nombre d'hémagglutinines différentes ; celle de J. Sui a identifié plusieurs anticorps synthétiques ayant la même propriété. Ces anticorps se lient à une région conservée des hémagglutinines, c'est-à-dire présente dans de nombreuses souches de virus. Ils empêchent le changement de forme de l'hémagglutinine qui lui permet de se fixer sur son récepteur cible. Ainsi, le virus ne peut pas fusionner avec la cible, ni l'infecter. Ces anticorps protègent des souris contre deux souches de virus grippal, le H1N1 (responsable de la grippe espagnole en 1918) et le H5N1 (en cause dans l'épidémie de grippe aviaire en Asie). Une piste pour un traitement et un vaccin universels ?