• Le panda : un carnivore devenu herbivore

    Le grand panda est devenu herbivore par suite d'une mutation dans un gène lié au sens du goût, suggère le séquençage du génome de cette espèce d'ours propre à la Chine.

    Jean-Jacques Perrier

    Confiné dans les montagnes de l'Ouest de la Chine, le grand panda (Ailuropoda melanoleura) est une espèce mystérieuse. Bien qu'appartenant à la famille des ursidés, dont les membres sont carnivores ou omnivores, il se nourrit presque exclusivement de tiges et de feuilles de bambous. Une équipe internationale coordonnée par Jun Wang et ses collègues, de l'Institut de génomique de Pékin, vient de fournir une explication grâce au séquençage du génome d'une femelle nommée Jingjing, le premier réalisé chez un ursidé et le deuxième pour l'ordre des carnivores.

    Selon les chercheurs, le génome du panda (21 000 gènes, 2,4 milliards de bases) contient tous les gènes codant les enzymes caractéristiques d'un régime carnivore. Mais l'animal a perdu une capacité gustative nécessaire pour apprécier la viande. Chez les mammifères, cinq saveurs fondamentales permettent d'identifier les aliments et leur valeur nutritive : le sucré, le salé, l'acide, l'amer et l'umami (d'un terme japonais signifiant délicieux). Cette dernière saveur est produite par le contact des récepteurs des papilles gustatives avec l'ion carboxyle de l'acide glutamique (glutamate), un acide aminé qui caractérise les aliments riches en protéines, tels la viande ou le fromage. Or, chez le grand panda, l'un des trois types de récepteurs à l'acide glutamique, T1R1, n'est pas fonctionnel en raison de mutations du gène correspondant. La comparaison avec le génome du chien suggère que ces erreurs sont apparues au cours de l'évolution récente de la lignée du panda. Pour les biologistes, cela expliquerait au moins en partie que cet ursidé ne soit pas vraiment carnivore alors qu'il possède toutes les enzymes pour cela — bien qu'il arrive que le grand panda mange des poissons ou de petits rongeurs.

    Le grand panda serait donc devenu herbivore par défaut. Or, montrent aussi les chercheurs, il ne produit pas les enzymes, nommées cellulases, susceptibles de dégrader la cellulose des végétaux. Rien de surprenant à cela, cette faculté ayant été perdue chez les vertébrés. Il est probable, selon l'équipe de J. Wang, que cette faculté digestive dépende des micro-organismes de sa flore intestinale (bactéries et protozoaires), comme chez tous les herbivores.

    Le panda : un carnivore devenu herbivore
    © Zhang Zhihe

    La population du grand panda ne compte que 2 500 à 3 000 individus, qui vivent dans l'Ouest de la Chine.

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