• La lave du Nyiragongo vient peut-être des profondeurs du manteau terrestre

     

    Par Laurent Sacco, Futura-Sciences       Bookmark and Share

    Le Nyiragongo est un célèbre volcan africain connu pour posséder l’un des rares lacs de lave permanent au monde. Selon un groupe de volcanologues la grande fluidité et la composition chimique particulière de ses laves, rappelant celle de certaines météorites, suggèrent qu’il est directement alimenté par un panache mantellique, comme à Hawaï.

    Le volcan Nyiragongo est situé sur le sol de la République démocratique du Congo, qui porta pendant un temps le nom de Zaïre. Il s'agit d'unstratovolcan et on peut y admirer en permanence ou presque le plus vaste lac de lave du monde. Le grand public l’a découvert grâce aux multiples expéditions que Haroun Tazieff y a conduites et les films qu’il en a ramenés. Il ne fut pas le seul à s'y intéresser. Maurice et Katia Krafft arpentèrent aussi les berges de ce lac de lave mythique, comme celui de l’Erta Alé, proche de la dépression de Dallol en Ethiopie.

    Avec ses collègues, Asish Basu, un géochimiste de l’université de Rochester, vient de publier dans Chemical Geology le résultat d’analyses des laves si particulières de ce volcan dont la dernière éruption en 2002, avec débordement du lac de lave, fit 120.000 sans-abri et détruisit 4.500 habitations dans la ville de Goma et aux alentours.

    Une source située près du noyau de la Terre

    En effet, la lave du Nyiragongo est la plus fluide au monde, avec peut-être celle du Lengaï, et c’est à une vitesse d’environ 100 km à l’heure qu’elle a dévalé les pentes en 2002. Mais ce n'est pas sa seule originalité. Les analyses géochimiques montrent que les abondances en néodyme et en strontium sont caractéristiques des météorites provenant d’astéroïdes fort anciens du système solaire. Elle ne peuvent donc venir que de régions profondes dans le manteau terrestre, vestige de la formation de la Terre primitive. Les laves du Nyiragongo apparaissent même comme uniques au monde selon Asish Basu.

    Pour lui et ses collègues, c’est une indication forte que l’on doit se trouver en présence d’un point chaud avec un panache mantellique provenant d’une zone juste au dessus du noyau de la planète, dans le manteau inférieur. Le Nyiragongo serait directement alimenté par la tête de ce panache en train de se former. Cela expliquerait aussi pourquoi le Nyamuragira, un autre volcan situé à une trentaine de kilomètres du Nyiragongo, possède des laves beaucoup plus classiques. Il serait en fait sur le bord du panache en train de remonter et des magmas issus de la fusion de la croûte mélangés à ceux du panache produiraient les laves en surface.

    Vue sur le lac de lave permanent du Nyiragongo. Crédit : Albert_pro/ Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

     


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