• INGRATES FOURMIS

    Des fourmis hébergées par un arbre empêchent celui-ci d'avoir des fleurs afin d'augmenter leur surface habitable.
    Loïc Mangin

    Un bel exemple de mutualisme est l'association du zorille du Cap (Mellivora capensis), une sorte de blaireau africain, et de l'indicateur, un oiseau de la famille des Indicatoridae. Celui-ci guide par son chant le mammifère vers une ruche sauvage afin qu'il l'éventre avec ses griffes et s'y nourrisse de son miel. L'oiseau, lui, mangera la cire et les larves : les deux espèces y gagnent.

     

    Cependant, ce type de relation est souvent un équilibre fragile qu'un rien peut faire évoluer au désavantage de l'un des deux protagonistes. C'est ce qu'a montré Megan Frederickson, de l'Université Harvard, en étudiant les liens tissés entre les fourmis Allomerus octoarticulatus et l'arbre Cordia nodosa.

     

    Le plus souvent, le mutualisme plante-fourmi est équilibré : le végétal offre le gîte à l'insecte qui, en retour, défend la plante contre ses agresseurs. Ce n'est pas le cas entre Allomerus octoarticulatus et Cordia nodosa. Leurs relations ressemblent aux autres jusqu'au moment de la reproduction de la plante. Quand les premiers bourgeons floraux apparaissent, la fourmi les élimine : elle stérilise l'arbre ! Pour quelles raisons ?

     

    L'analyse des taux de croissance de Cordia nodosa stériles et sains a révélé que les premiers sont plus buissonnants que les seconds. Ainsi, par son «traitement » qui rappelle celui des jardiniers lorsqu'ils veulent augmenter la taille de leurs rosiers, la fourmi accroît sa surface habitable. Le mutualisme n'est-il pas alors devenu une sorte de parasitisme ? Pas nécessairement, car l'arbre vit plus de 75 ans, soit plus de cinq fois plus longtemps que la colonie de fourmis. Ces insectes, en favorisant le développement végétatif de la plante et donc en la rendant plus vaillante, l'aident peut-être à supporter d'autres menaces.

     http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-ingrates-fourmis-22005.php


    Ingrates fourmis
    © CIRAD/Yves Caraglio
    Les arbres Cordia nodosa abritent des fourmis Allomerus octoarticulatus qui les protègent, mais cette protection a un prix : la stérilisation de l'arbre par élimination des fleurs.

    à voir aussi

    AntWeb / A. Nobile
    La fourmi Allomerus octoarticulatus, un hôte ingrat pour les arbres qui l’hébergent.
    © CIRAD/Yves Caraglio
    Une inflorescence de Cordia nodosa.

    L'auteur

    Loïc Mangin est rédacteur en chef adjoint à Pour la Science.

    Pour en savoir plus


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