• Deux narines rivales

    En présence de deux parfums, on sent alternativement l'un puis l'autre, mais pas leur mélange.
    Émilie Auvrouin
    Nos organes sensoriels – yeux, oreilles et narines – fonctionnent par paire. Dans la majorité des cas, que ce soit pour la vue, l'ouïe ou l'odorat, le cerveau traite l'information sensorielle perçue en faisant une moyenne des signaux reçus, par exemple, par l'oreille gauche et la droite. Ainsi, le décalage entre une onde sonore atteignant l'oreille gauche et la même onde atteignant l'oreille droite n'est pas suffisant pour que le son soit perçu différemment par chacune des deux oreilles.

    En revanche, une dissymétrie apparaît quand les sons parvenant aux deux oreilles sont différents. Même constat lorsque nous présentons en même temps deux images différentes à chaque œil; ce phénomène est nommé rivalité binoculaire. Dans certains cas de rivalité binoculaire, on voit alternativement une image puis l'autre. En est-il de même pour l'odorat ? Oui. C'est ce que révèle une étude menée par des chercheurs, du Département de psychologie de l'Université Rice, à Houston.

    Pour le démontrer, Wen Zhou, et Denise Chen, ont placé simultanément deux alcools odorants (en concentrations identiques) devant chaque narine de 12 volontaires. Le premier contenait l'alcool phényléthylique, rappelant l'odeur de la rose, et le second du n-butanol, un alcool dont l'odeur évoque celle de l'encre d'un stylo feutre. Au bout de 20 essais – de 30 à 40 secondes chacun – les résultats de l'expérience furent analysés. Au lieu d'avoir perçu un mélange des deux odeurs, les volontaires ont senti alternativement chacune d'entre elles, sentant tantôt l'odeur de rose de façon prédominante, tantôt celle du stylo feutre. Le signal perçu passait d'une odeur à l'autre, avec une fréquence propre à chaque individu. Par analogie à la rivalité binoculaire, les chercheurs parlent de rivalité binasale pour évoquer l'idée que nos narines sont en compétition en présence de deux odeurs distinctes. Dans une série d'expériences annexes, les deux chercheurs ont également montré que la rivalité binasale implique des mécanismes centraux – dans le cerveau – et périphériques – au niveau de l'épithélium olfactif.

    Une expérience qui précise les mécanismes de l'olfaction, ce qui permettra de mieux comprendre les troubles de cette fonction sensorielle, et notamment l'anosmie, c'est-à-dire la perte de l'odorat.

    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-deux-narines-rivales-23248.php


    Deux narines rivales
    © Rice University
    Deux narines pour deux odeurs. Mais que se passe-t-il en présence d'un bouquet de parfums?

    Pour en savoir plus

    W. Zhou et al., Binaral Rivalry between the Nostrils and in the Cortex, Current Biology, en ligne le 20 août 2009

    L'auteur

    Émilie Auvrouin est journaliste à Pour la Science

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