• Contre le paludisme, aidons le moustique !

    Les moustiques éliminent la quasi-totalité des parasites du paludisme qui les infectent. Une nouvelle piste pour lutter contre cette maladie ? 

    Loïc Mangin

    Le paludisme tue chaque année entre 1,5 et 3 millions d'individus et près de 500 millions seraient atteints, essentiellement en Afrique sub-saharienne où l'on recense 80 pour cent des cas. La maladie est due à un parasite Plasmodium transmis par les moustiques du genre Anopheles lorsque les femelles piquent pour se nourrir de sang.

     

    Le moustique injecte des parasites (à l'état de sporozoïtes) qui gagnent rapidement le foie où ils infectent les cellules. Là, le micro-organisme poursuit son cycle de vie et se développe en grosses « outres » (des schizontes) qui libèrent de jeunes mérozoïtes ; ils rejoignent le sang où ils pénètrent dans les globules rouges pour s'y multiplier. Les cellules sanguines sont détruites par vagues synchrones de mérozoïtes qui sont responsables des accès de fièvre et d'une anémie. À l'occasion d'une nouvelle piqûre, le parasite rejoint l'organisme d'un moustique piqueur pour achever son cycle : l'insecte est prêt à infecter un nouvel individu en deux semaines.

     

    Cependant, la plupart des parasites sont éliminés par le système immunitaire du moustique. Seuls un ou deux résistent, mais ils suffiront à rendre l'insecte dangereux. George Christophides et ses collègues de l'Imperial College, à Londres, ont mis en évidence chez Anopheles gambiae les mécanismes par lesquels les parasites sont quasiment tous éliminés.

     

    Dans l'hémolymphe (l'équivalent du sang) de l'insecte, les biologistes ont mis en évidence des protéines, LRIM1 et APL1C, riches en un acide aminé nommé leucine ; elles circulent naturellement dans l'hémolymphe, assemblées en un complexe volumineux. Lors d'une infection, cet édifice active un troisième acteur, la protéine TEP1, qui se fiche dans la membrane cellulaire de l'intrus, et y crée des trous qui aboutissent à la destruction du parasite. Ce mécanisme de destruction des parasites est efficace, mais pas suffisamment pour éliminer la totalité des envahisseurs.

     

    Les biologistes espèrent éclaircir les détails de ces mécanismes afin, ensuite, d'améliorer leur efficacité de façon à ce qu'aucun parasite ne survive dans l'hémolymphe du moustique. Ce faisant, la transmission de la maladie s'arrêterait. C'est donc une nouvelle piste à explorer dans la lutte contre le paludisme.

     

    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-contre-le-paludisme-aidons-le-moustique-20890.php

    Contre le paludisme, aidons le moustique !
    © Andrew Michel
    Un moustique Anopheles gambiae en pleine dégustation…

    À VOIR AUSSI

    © Ute Frevert et Margaret Shear
    Un sporozoïte Plasmodium traverse une cellule intestinale (micrographie électronique en fausses couleurs)
    © Institut Pasteur d’après l’OMS
    En jaune, les zones où le paludisme a disparu ou n'a jamais existé.
    En orange, les zones à risque limité.
    En rouge, les zones de transmission du paludisme. 

    L'AUTEUR

    Loïc Mangin est rédacteur en chef adjoint du magazine Pour la Science.

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