Trente ans après la naissance du premier bébé éprouvette, autorisera-t-on la création d'embryons utilisés pour la recherche scientifique ?
«Le bébé se porte bien» : il y a trente ans, le 25 juillet 1978, naissait Louise Brown, le premier enfant conçu par fécondation in vitro. À l'origine de ce succès, deux hommes : le biologiste Robert Edwards et le gynécologue Patrick Steptoe.
Lauréat en 2001 du prestigieux Lasker Award for Clinical Medical Research [1], Robert Edwards souligne le long chemin parcouru depuis ses premiers travaux, en 1955, chez la souris. Et l'apport décisif de Patrick Steptoe.
Au début des années 1960, pendant qu'Edwards bataille avec ses boîtes de culture, ne disposant que de rares ovocytes extraits de fragments ovariens, Steptoe met au point le premier laparoscope : il est dès lors possible de ponctionner des ovocytes chez des patientes !
La collaboration entre les deux hommes débute en 1968. Trois ans plus tard, en 1971, Edwards a la joie d'observer, sous son microscope, des embryons parvenus au stade pré-implantatoire. Suivent les premiers transferts d'embryons chez des femmes, et trois années d'échecs. Il s'est en effet trouvé que l'hormone utilisée dans l'espoir de favoriser l'implantation des embryons dans l'utérus avait l'effet inverse...
Changement d'hormone, suivi enfin ! d'une première grossesse. Las, elle est extra-utérine, et doit être interrompue. Deux ans plus tard, la naissance de la petite Louise conclut victorieusement cette longue marche. Et aujourd'hui, on ne compte plus les enfants conçus par FIV classique ou par ICSI (le spermatozoïde est injecté directement dans l'ovocyte).
En parallèle, la FIV a ouvert tout un champ de recherche allant bien au-delà de la volonté de pallier les stérilités. On l'utilise aujourd'hui dans la recherche sur les cellules souches embryonnaires l'embryon étant la source de ces cellules. Des recherches qui, dans certains pays, s'accompagnent de tentatives de créer des embryons autrement que par fécondation, par exemple par clonage.
Paradoxalement, on ignore encore beaucoup de choses sur les paramètres qui régissent le succès d'une FIV le taux de réussite n'est que de 30 % à 40 %, dans le meilleur des cas.
Comment restreindre ces zones d'ombre ? C'est d'autant plus difficile que la recherche sur les embryons obtenus par FIV est, sauf dérogation, interdite par la loi française. Quant à la création d'embryons pour la recherche, elle est complètement interdite [2].
L'autoriser présenterait-il un intérêt ? Cette question sera peut-être soulevée lors de la révision de l'actuelle loi de bioéthique, au plus tôt en 2009, au plus tard en 2011. Nous l'avions posée à René Frydman lors de l'entretien qu'il nous a accordé en juin dernier sur les avancées et les insuffisances de l'assistance médicale à la procréation.
Nous l'avons reposée à quatre autres protagonistes de ce débat, avec pour contrainte d'y apporter une réponse courte. Ils ont relevé le défi. Lisez leur réaction.
Cécile Klingler
http://www.larecherche.fr/content/actualite/article?id=23668