Une simulation remet en cause notre vision des écoulements qui agitent le noyau liquide de notre planète, où naît le champ magnétique terrestre. Pourquoi la Terre a-t-elle un champ magnétique ? Ce serait dû à un effet dynamo au sein de son noyau liquide, essentiellement constitué de fer et brassé par des mouvements de convection : en effet, dans certaines configurations, les mouvements d'un fluide conducteur engendrent des courants électriques et un champ magnétique qui s'entretiennent mutuellement. On cherche à reconstituer les écoulements à l'origine de cette dynamo terrestre, aussi nommée géodynamo. Takehiro Miyagoshi, de l'Agence japonaise pour les sciences et les technologies de la Terre et de la mer, et ses collègues les ont simulés en utilisant un « fluide numérique » de faible viscosité. Ils ont ainsi mis en évidence des mouvements inattendus au sein du noyau terrestre. http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-le-noyau-terrestre-un-ocean-agite-24793.php |
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![]() ![]() © T. Miyagoshi et al. / Nature 463
Selon une nouvelle simulation, la convection dans le noyau terrestre s’organiserait en une structure duale, comme le montre cette vue équatoriale : près du centre, des panaches s’élèvent vers l’extérieur (en rouge) avant de retomber (en vert), tandis qu’à la périphérie règnent des courants longitudinaux (en bleu). La boule blanche au centre est la graine solide (le noyau liquide s'étend entre cette graine et le manteau terrestre). à voir aussi![]() © Delphine Bailly
La plupart des travaux précédents indiquaient une convection au sein du noyau organisée en colonnes convectives parallèles à l'axe de rotation (les cylindres rose-orangé). Des simulations avaient mis en évidence de tels mouvements et montré qu'ils créaient un champ magnétique dipôlaire assez similaire au champ magnétique terrestre (les lignes de champ sont en bleu). Ce consensus est remis en question.
![]() T. Miyagoshi et al./ Nature, vol. 463
La simulation des chercheurs japonais ne révèle aucune colonne convective, mais met en évidence des panaches (en rouge) et des écoulements longitudinaux (en bleu). Les images b et c sont respectivement des agrandissements des régions I et II de l'image a. Les couleurs caractérisent les vitesses, élevées en rouge, intermédiaires en vert et faibles en bleu.
Pour en savoir plusT. Miyagoshi et al., Zonal flow formation in the Earth’s core, Nature, vol. 463, pp. 793-796, 2010.
Dossier Pour la Science, n°67, « La Terre à cœur ouvert », Avril-Juin 2010 : - D. Jault et al., Le moteur de la dynamo terrestre - J. Aubert et al., La Terre déboussolée L'auteurGuillaume Jacquemont est journaliste au magazine Pour la science.
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