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Fabriquer de la bonne graisse

Des chercheurs allemands ont trouvé le moyen de produire chez l'animal de la bonne graisse, consommatrice de lipides, aux dépens de celle qui les stocke.

Bénédicte Salthun-Lassalle

L'obésité est peut-être le mal de ce siècle ; si cette maladie a de nombreuses causes, elle résulte d'un excès de stockage des lipides (les graisses de l'alimentation) dans les cellules graisseuses, ou adipocytes, et d'un surplus énergétique chronique (on ne dépense pas suffisamment d'énergie en comparaison des apports). Mais il existe deux types de tissus graisseux dans l'organisme : le blanc, qui est la plus importante réserve énergétique de l'organisme (et qui représente 15 à 20 pour cent du poids d'un adulte sans surcharge pondérale), et le brun, formé de cellules graisseuses brunes, qui est une source de chaleur. Alexandros Vegiopoulos, du Centre de recherche en cancérologie de Heidelberg, en Allemagne, et ses collègues ont trouvé chez la souris le moyen de favoriser la production de tissu brun, brûleur de calories.

Les adipocytes blancs synthétisent et stockent les lipides ; ils n'en libèrent que lorsque les besoins de l'organisme sont supérieurs aux apports alimentaires. On les trouve notamment dans l'abdomen et les cuisses et s'ils stockent trop de lipides, ils sont impliqués dans l'obésité. Les adipocytes bruns, quant à eux, stockent les lipides, mais les consomment rapidement pour produire de la chaleur. Ils participent à la régulation thermique du corps. Ils sont surtout présents chez les mammifères hibernants ainsi que chez le fœtus et le nouveau-né humains, car ils permettent au nourrisson de s'adapter à son nouvel environnement froid. La présence de ce tissu brun chez l'adulte a longtemps été discutée, mais on sait depuis 2009 qu'il subsiste le long de la colonne vertébrale et sous les clavicules. Il s'activerait notamment en réaction au froid (par exemple quand la température extérieure passe de 22°C à 16°C) pour réchauffer l'organisme.

Favoriser la production de ce tissu brun aux dépens du blanc pourrait ainsi constituer une stratégie efficace pour lutter contre l'obésité. Les biologistes allemands ont montré chez la souris qu'une enzyme nommée cyclooxygénase-2 induit l'évolution des cellules adipeuses dites progénitrices – qui donneront des cellules graisseuses fonctionnelles – en cellules brunes plutôt qu'en cellules blanches. Ainsi, les souris génétiquement modifiées pour fabriquer d'importantes quantités de cette enzyme brûlent rapidement leur énergie et sont protégées d'une obésité due à l'alimentation, comparées à des souris normales. Or la cyclooxygénase-2 est nécessaire à la synthèse des prostaglandines, hormones qui interviennent dans de multiples fonctions de l'organisme, dont le système immunitaire. Et les biologistes ont montré que les prostaglandines favoriseraient l'expression des gènes du tissu brun dans les cellules adipeuses. Voilà une voie thérapeutique contre l'obésité qu'il va falloir sérieusement étudier.

Fabriquer de la  bonne graisse
© Shutterstock/Sebastian Kaulitzki

Ces cellules graisseuses, des adipocytes dits blancs, stockent de la graisse. Il serait préférable qu’elles deviennent des adipocytes bruns ; elles brûleraient alors plus de graisses !

Pour en savoir plus

L'auteur

Bénédicte Salthun-Lassalle est journaliste à Pour la Science.
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