• Quand l'eau déborde les frontières

    PROSPECTIVE | 19.03.2009 | 17h00

     

    La question stratégique des eaux transfrontalières fait partie des principaux thèmes abordés au 5e Forum mondial de l’eau

    Plus de 20000 personnes doivent se rendre du 16 au 22 mars à Istanbul, où se tient le 5e Forum mondial de l’eau. Scientifiques, ministres, institutions et entreprises s’interrogeront sur les défis posés par la gestion de l’eau, soumise à l’influence du changement climatique et de la pression démographique. L’objectif de cette réunion est, entre autres, de faire avancer le débat sur la problématique de la coopération transfrontalière.

    L’eau se déplace en effet sans respecter les frontières. D’où l’apparition de tensions dans les régions soumises à des pénuries d’eau conjoncturelles ou structurelles. Convoité depuis plusieurs années par Israël, la Syrie, le Liban et la Jordanie, le fleuve Jourdain est source de conflits. Non loin de là, la Turquie, la Syrie et l’Irak se disputent le partage des eaux du Tigre et de l’Euphrate. Certains observateurs expliquent le conflit au Darfour en partie par le manque d’eau. Chine, États-Unis…, la liste est longue. Dans ce contexte, les guerres de l’eau sont-elles inéluctables ?

    «Je n’y crois pas», a estimé dans nos colonnes Bernard Barraqué, économiste et directeur de recherche CNRS au Centre international sur l’environnement et le développement. Dans notre numéro spécial consacré à l’eau de l’été 2008, il a expliqué que l’on se bat avec l’eau, mais pas pour l’eau, en précisant que « l’Histoire nous montre qu’on arrive souvent à un partage pacifique de la ressource en eau ».

    Jean-Marie Fritsch, hydrologue à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), précise dans ce même numéro que « la crise de l’eau relève moins de la disponibilité de la ressource que de la manière de l’utiliser ». D’un point de vie agronomique, une approche serait de réduire notre consommation de viande, grande consommatrice d’eau. Ou de faire pousser davantage de céréales : avec l’appui de la génétique, des sélectionneurs tentent de mettre au point des cultures adaptées aux conditions climatiques extrêmes.

    Il s’agirait aussi d’améliorer la performance des systèmes irrigués, ou encore d’accroître l’utilisation des eaux recyclées. L’exploitation de ressources fossiles est également envisagée. Quant aux technologies, elles permettent déjà de dessaler l’eau de mer. Des supers aqueducs, capables d’acheminer l’eau sur des milliers de kilomètres sont aussi en cours de réalisation.

    Reste que ces tensions frontalières devraient accroître le mouvement vers une marchandisation accrue de la ressource. Si la majeure partie de l’eau nécessaire à l’être humain est aujourd’hui destinée à l’agriculture, exporter des aliments revient à exporter virtuellement de l’eau. Autant dire que le problème de l’eau est un défi pour les gouvernements et les institutions internationales. Défi régional, comme le sont les sécheresses, mais aussi mondial, comme l’est le marché.

     

    Cédric Duval

    http://www.larecherche.fr/content/actualite/article?id=25068


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