• nuage Islandais

    Une éruption explosive

    Vue  satellite du volcan islandais en éruption. Comment un volcan islandais bloque l’ensemble du trafic aérien européen.

    Depuis jeudi matin, le trafic aérien européen est paralysé par un nuage de cendres qui se déplace entre 10 et 15 kilomètres d’altitude. Il s’échappe depuis mercredi matin, sous la forme d’un gigantesque panache blanc, du volcan islandais Eyjafjöll. Pourquoi cette éruption a-t-elle des conséquences aussi spectaculaires ?

    L’Islande, grande île presque entièrement constituée de roches volcaniques, se trouve au milieu de l’Atlantique au niveau de la dorsale océanique où se forment la plaque américaine et la plaque eurasiatique. Autrement dit, dans une région où l’activité sismique est très importante. L’île compte plus de 200 volcans, dont 130 sont actifs.

    La particularité du volcan Eyjafjöll, à 160 kilomètres au sud-est de Reykjavik, est d’être recouvert par une grande calotte glaciaire. Or, lorsque le magma et l’eau de cette calotte, rendue liquide par la chaleur, entrent en contact, il se produit une réaction explosive. La lave est fragmentée en microparticules qui sont propulsées jusqu’à 8 kilomètres au-dessus du volcan. Tant que celui-ci libère de la lave, et tant qu’il reste de la glace, ce nuage de cendres est alimenté.

    Ainsi, même si l’éruption durait plusieurs mois, les explosions et les cendres ne devraient pas persister plus de quelques jours. Poussé par le vent qui souffle vers l’est, le nuage a atteint le nord-ouest du continent européen jeudi dans la matinée, et continue aujourd’hui sa progression vers le sud-est. Après avoir parcouru plus de mille kilomètres, il a perdu de sa densité. Mais les cendres, présentes aux altitudes auxquelles volent les avions, bien que dispersées, peuvent toujours endommager les réacteurs.

    Les Islandais ne sont pas véritablement gênés par ce nuage qui, emporté par le vent, ne s’attarde pas au-dessus de l’île. Mais ils doivent faire face à un autre phénomène, lui aussi lié à la rencontre du magma et de la glace. Celle-ci donne lieu à la formation de « lahars », des coulées visqueuses, chaudes et denses, mélange d’eau, de magma et de roche, pouvant sur leur passage démolir habitations et infrastructures.

    L’éruption semble liée à celle qui avait commencé un mois plus tôt, au niveau d’une autre faille très proche de celle d’où s’épanche aujourd’hui le magma, et qui s’est terminée mardi dernier. Faut-il craindre un réveil généralisé du volcanisme en Islande ? L’activité d’Eyjafjöll ne montre pour l’instant aucun signe d’affaiblissement. Les vulcanologues surveillent de près les enregistrements sismologiques de la région, car cette éruption pourrait bien déclencher celle d’un volcan voisin. Le plus inquiétant de ceux-ci est le Katla, connu pour avoir produit de grandes coulées dévastatrices et au pied duquel vit une population relativement dense.

    Dora Courbon Tavcar

    http://www.larecherche.fr/content/actualite-terre/article?id=27542

    Éruption en Islande

    L'éruption d'un volcan en Islande perturbe le trafic aérien Nord-européen. Le nuage de cendres devrait arriver en France vendredi 16 avril.

    Loïc Mangin

    Dans la matinée du 15 avril, plusieurs aéroports d'Europe du Nord (Angleterre, Irlande, Écosse, Suède, Norvège...) ont suspendu de nombreux vols, tandis que le trafic aérien au-dessus de la mer du Nord est fermé. En France, les aéroports situés au Nord du pays ont été fermés à 17 heures, tandis que ceux d'Orly, de Roissy et du Bourget le seront à 23 heures. La raison de ces perturbations : l'éruption d'un volcan en Islande, situé sous le glacier Eyjafjallajokull, à 125 kilomètres à l'Est de Reykjavik. Le volcan en question, l'Eyjafjöll (en français, la Montagne des îles) est un stratovolcan d'environ 700 000 ans. La lave se mélange à l'eau fondue du glacier et crée un panache de vapeur et de cendres qui a obscurci le ciel d'une grande partie de l'Europe du Nord à la faveur de vents forts soufflant en haute altitude.

    Les dernières éruptions historiques connues datent de 550, 1612 et de 1823. Cependant, le 20 mars 2010, de nouveaux signes d'activité ont été détectés : des coulées de lave précédées de plusieurs séismes. En outre, un panache volcanique s'est élevé jusqu'à un kilomètre d'altitude. Ces phénomènes ont conduit les autorités à évacuer préventivement le village de Fljótshlíð (environ 600 personnes).

    L'éruption nouvelle, qui a obligé à d'autres évacuations, fait craindre une reprise de l'activité d'un autre volcan, le Katla. En effet, selon les géologues, certains événements indiquent que les deux volcans seraient liés. D'abord, en 1612, les deux volcans étaient en éruption en même temps. Ensuite, en 1823, l'éruption du Katla a suivi l'arrêt de celle du Eyjafjöll. Or ce dernier est peu à craindre, le Katla, lui aussi recouvert d'une calotte glaciaire (Mýrdalsjökull), serait l'un des plus actifs et des plus destructeurs volcans d'Islande. On recense une vingtaine d'éruptions de ce volcan depuis l'arrivée de l'homme sur l'île, à la fin du IXe siècle. Par exemple, en 934, le Katla a émis 18 kilomètres cubes de lave, un volume des plus importants connus. En outre, ces éruptions ayant lieu sous la glace, la chaleur du magma entraîne des débâcles (nommées jökulhlaup en islandais), c'est-à-dire des crues puissantes.

    Le principal danger pour les vols n'est pas tant le manque de visibilité, mais la fragilité des avions, et notamment des réacteurs, aux cendres et à la silice qu'elles contiennent. Les services islandais de météorologie prévoient le déplacement de ce nuage vers la France et leur arrivée sur les côtes bretonnes et normandes vendredi 16 avril.

    Éruption en Islande
    © Joschenbacher

    L'éruption du volcan Eyjafjöll.

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    Le volcan Eyjafjöll est à 125 kilomètres de Reykjavik.
    © Iceland Met Service.
    Le déplacement du nuage le 15 avril à 6 heures, à midi, à 18 heures et le 16 avril à minuit. En rouge, le nuage du sol à 6 600 mètres d’altitude, en vert de 6 600 à 12 000 mètres d’altitude et en bleu, au-dessus de 12 000 mètres.

    L'auteur

    Loïc Mangin est rédacteur en chef adjoint à Pour la Science.

    Pour en savoir plus

    Le Dossier Pour la Science La Terre à cœur ouvert.

    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-ruption-en-islande-24956.php


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