• © Chris Gotschalk

    Des biologistes américains viennent de percer le secret de la disparition hivernale des requins pèlerins.

     

    Le requin pèlerin, deuxième plus gros poisson du monde, passe l’été dans les eaux de l’Atlantique Nord. Mais pour immense qu’il soit –10 mètres de long en moyenne, il semblait disparaître en hiver. Une équipe de biologistes américains vient de résoudre ce mystère : l’animal migre vers les eaux tropicales, allant parfois frôler les côtes de la Guyane ou du Brésil [1]. Qui plus est, il effectue une bonne partie de ce voyage à des profondeurs insoupçonnées : de 200 à 1000 mètres sous la surface… où il reste parfois plusieurs mois.

    Comment les chercheurs ont-ils procédé pour acquérir ces données ? « Nous avons marqué 25 spécimens avec des puces électroniques émettant des signaux collectés par satellite, raconte Gregory Skomal, un des auteurs de l’étude. Et pour ce faire, comme ces animaux sont trop massifs pour être attrapés et manipulés, nous avons fait appel à un harponneur professionnel, Bill Chaprales. Grâce à son aide, poursuit-il, nous avons mis au point un harpon capable de fixer de façon pérenne les puces électroniques aux requins ».

    Reste à expliquer pourquoi l’animal effectue son long périple. Si la recherche de nourriture – du zooplancton – semble l’une des principales causes, les chercheurs estiment que les zones tropicales du sud de l’Atlantique favorisent aussi la gestation des femelles enceintes et la parturition, ainsi que le confort des nouveaux-nés. Aucune certitude, cependant, puisque le type de données recueillies ne permet pas de différencier les mâles des femelles.

    Quoiqu’il en soit, les observations réalisées par Skomal et ses collaborateurs pourraient se révéler utiles pour l’animal. Il s’agit en effet d’une espèce menacée. Or, « quand vous connaissez mieux le mode de vie d’un animal, explique Gregory Skomal, vous êtes mieux équipé pour le protéger. Maintenant que nous connaissons mieux les déplacements du requin pèlerin, nous pouvons envisager de mettre les pays concernés autour d’une table, pour discuter de mesures de conservation qui soient prises à l’échelle globale. »

    Denis Roditi

    [1] G.B. Skomal et al., Current Biology, doi:10.1016/j.cub.2009.04.019, 2009.

    http://www.larecherche.fr/content/actualite/article?id=25497


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  • Certaines fourmis rapportent la nourriture au nid, les larves la digèrent en partie et d'autres fourmis en extraient le sucre : les fourmis se partagent les différentes tâches de leur nutrition.
    Bénédicte Salthun-Lassalle
    Si l'on sait que le partage des tâches est une caractéristique des insectes sociaux que sont les fourmis ou les abeilles, on ignorait encore tous les domaines concernés ! La nutrition ne ferait pas exception ; Audrey Dussutour, du Centre de recherche sur la cognition animale (CNRS/Université Paul Sabatier), et Stephen Simpson, de l'Université de Sydney, ont montré qu'une colonie de fourmis ne représentait qu'un seul estomac...

    On savait que seulement dix pour cent des fourmis - les ouvrières dites fourrageurs - rapportent de la nourriture au nid, laquelle est ensuite partagée entre tous les membres de la colonie. Mais les larves n'ont pas les mêmes besoins que les adultes ou que les reines. Comment chaque catégorie de fourmis trouve-t-elle de quoi subvenir à ses besoins ?

    Une fourmi, une tâche

    A. Dussutour et S. Simpson ont montré que les fourrageurs sont informés des besoins nutritionnels des larves - de petits vers blancs sans pattes. Dès lors, les ouvrières adaptent leur récolte. Les chercheurs ont mis à disposition de colonies de fourmis rhytidoponera - ayant ou non des larves - de la nourriture riche en sucre ou bien riche en protéines. Quand il y a des larves dans la colonie, les ouvrières rapportent surtout de la nourriture riche en protéines, lesquelles permettent aux larves de se développer. En revanche, quand il n'y a pas de larves, les fourmis préfèrent la nourriture riche en sucre.

    En outre, lors d'une seconde expérience, les biologistes ont montré que face à des proportions variables de protéines et de sucre, les fourmis rapportent toujours la même quantité de sucre. En effet, quand l'alimentation est trop riche en protéines, les fourmis absorbent le sucre, mais régurgitent les protéines à l'extérieur du nid, sous forme de boulettes.
    On a constaté que les fourmis nourries avec trop de protéines meurent beaucoup plus que les autres, car les protéines sont toxiques, pour des raisons inconnues (on a observé une toxicité des protéines chez les mouches drosophiles et elle est à l'étude chez les souris). Près des trois quart de la colonie peut alors disparaître (comparé aux cinq pour cent de perte dans une colonie élevée avec moins de protéines). En fait, ces colonies survivent quand il y a des larves : ce sont alors ces dernières qui digèrent la nourriture pour éliminer les protéines, qu'elles assimilent mieux que les ouvrières.

    Ces résultats indiquent que les fourmis se partagent les tâches jusqu'à la nourriture : certaines font la récolte, d'autres la digestion et les dernières l'excrétion. On ignore toutefois comment les larves communiquent aux fourrageurs leurs besoins nutritionnels.
    http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-des-fourmis-mais-un-seul-estomac-22129.php


    © Gabriel Miller
    Des fourmis rhytidoponera dites fourrageurs se nourrissent d'eau sucrée et en rapportent à la colonie pour nourrir les larves, incapables de sortir du nid.

    L'auteur

    Bénédicte Salthun-Lassalle est journaliste à Pour la Science.

    Pour en savoir plus

    Audrey Dussutour et Stephen J. Simpson, Communal Nutrition in Ants, Current Biology, volume 19, pp. 740-744, avril 2009

    à voir aussi

    © Gabriel Miller
    Une autre fourmis rhytidoponera se nourrissant d’eau sucrée...

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  • Un enjeu majeur pour l'avenir : comment nourrir les six milliards de personnes qui peuplent la planète sans gaspiller les ressources disponibles ? Dans ce débat économique, sociétal, et environnemental, la filière des semences a un rôle essentiel à jouer.

    Les semences, issues du patrimoine des végétaux que l’homme a domestiqués petit à petit, sont au cœur de l’agriculture. Aujourd’hui, le secteur des semences conserve ce patrimoine et l’enrichit en créant de nouvelles variétés adaptées aux besoins des agriculteurs, des transformateurs et des consommateurs.

    Dans ce dossier vous pourrez découvrir ce qu'est la biodiversité, pourquoi créer de nouvelles variétés, la préservation de la biodiversité des espèces cultivées etc...

    Bonne découverte.


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  • Des fourmis hébergées par un arbre empêchent celui-ci d'avoir des fleurs afin d'augmenter leur surface habitable.
    Loïc Mangin

    Un bel exemple de mutualisme est l'association du zorille du Cap (Mellivora capensis), une sorte de blaireau africain, et de l'indicateur, un oiseau de la famille des Indicatoridae. Celui-ci guide par son chant le mammifère vers une ruche sauvage afin qu'il l'éventre avec ses griffes et s'y nourrisse de son miel. L'oiseau, lui, mangera la cire et les larves : les deux espèces y gagnent.

     

    Cependant, ce type de relation est souvent un équilibre fragile qu'un rien peut faire évoluer au désavantage de l'un des deux protagonistes. C'est ce qu'a montré Megan Frederickson, de l'Université Harvard, en étudiant les liens tissés entre les fourmis Allomerus octoarticulatus et l'arbre Cordia nodosa.

     

    Le plus souvent, le mutualisme plante-fourmi est équilibré : le végétal offre le gîte à l'insecte qui, en retour, défend la plante contre ses agresseurs. Ce n'est pas le cas entre Allomerus octoarticulatus et Cordia nodosa. Leurs relations ressemblent aux autres jusqu'au moment de la reproduction de la plante. Quand les premiers bourgeons floraux apparaissent, la fourmi les élimine : elle stérilise l'arbre ! Pour quelles raisons ?

     

    L'analyse des taux de croissance de Cordia nodosa stériles et sains a révélé que les premiers sont plus buissonnants que les seconds. Ainsi, par son «traitement » qui rappelle celui des jardiniers lorsqu'ils veulent augmenter la taille de leurs rosiers, la fourmi accroît sa surface habitable. Le mutualisme n'est-il pas alors devenu une sorte de parasitisme ? Pas nécessairement, car l'arbre vit plus de 75 ans, soit plus de cinq fois plus longtemps que la colonie de fourmis. Ces insectes, en favorisant le développement végétatif de la plante et donc en la rendant plus vaillante, l'aident peut-être à supporter d'autres menaces.

     http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-ingrates-fourmis-22005.php


    Ingrates fourmis
    © CIRAD/Yves Caraglio
    Les arbres Cordia nodosa abritent des fourmis Allomerus octoarticulatus qui les protègent, mais cette protection a un prix : la stérilisation de l'arbre par élimination des fleurs.

    à voir aussi

    AntWeb / A. Nobile
    La fourmi Allomerus octoarticulatus, un hôte ingrat pour les arbres qui l’hébergent.
    © CIRAD/Yves Caraglio
    Une inflorescence de Cordia nodosa.

    L'auteur

    Loïc Mangin est rédacteur en chef adjoint à Pour la Science.

    Pour en savoir plus


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    Aucun cas de personne contaminée par des porcs n’ayant été constaté, l'appellation "grippe porcine" est un abus de langage.

     

    «Nous avons été alertés de l’émergence du virus vendredi 24 avril, mais deux jours plus tard, nous savions que l’utilisation du terme « grippe porcine » était une erreur, assure Jeanne Brugère-Picoux de l’Ecole nationale vétérinaire de Maisons-Alfort. Cette terminologie vétérinaire désigne un virus qui se transmet rarement à l’homme, et reste plutôt bénin. Or, pour ce que l’on connait du virus actuel, il se transmet d’homme à homme. Il ne s’agit donc plus d’un virus porcin, mais bien d’un virus humain». Bernard Vallat, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) à Paris, préfère ainsi parler de «grippe nord-américaine», puisque les épidémies de grippe sont nommées d’après leur origine géographique, à l’instar de la grippe espagnole.

    Comment expliquer cette confusion ? En réalité, ce virus est né de l’échange de gènes entre plusieurs souches de virus : humain, porc et aviaire. Il y a donc bel et bien une composante porcine dans cette épidémie. Mais aucun cas de porc contaminé, ni de personne contaminée par des porcs n’a pour l’heure été constaté.

    Si les experts s’accordent à dire que le nouveau virus se transmet très facilement, beaucoup de données manquent encore pour établir à quel point il est mortel. «En attendant, la confusion provoquée par l’utilisation du terme grippe porcine suscite des réactions injustifiées, comme l’abattage par l’Egypte de son cheptel de porcs», indique Jeanne Brugère-Picoux. L’OMS rappelle en effet qu’il n’a pas été démontré que la grippe porcine puisse être transmissible à l’homme par l’ingestion de viande de porc ou d’autres produits dérivés du porc correctement manipulés et préparés. Le virus grippal porcin est tué par des températures de cuisson de 70°C, ce qui correspond aux instructions généralement données pour la préparation du porc et d’autres viandes.

     

    Cédric Duval

    http://www.larecherche.fr/content/actualite/article?id=25459


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