• http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/actualite-fossilise-en-plein-vol-29316.php

    Il y a quelque 120 millions d'années, un petit ptérosaure était en train d'avaler en vol le petit poisson qu'il venait de pêcher. Il a brusquement été happé par un poisson carnivore qui s'est ensuite pris dans sa membrane alaire… Les trois animaux sont morts et se sont fossilisés ensemble.

    François Savatier
    Frey/Tischlinger
    Frey/Tischlinger

    Une scène de double prédation et de la triple mort qui s'en est suivie a été saisie par la fossilisation au fond d'un lac il y a 120 millions d'années. Comme ses eaux, probablement profondes, étaient dénuées d'oxygène, les organismes nécrophages en étaient absents. On note que le poisson carnivore ne tient aucun os dans sa bouche : c'est la membrane de l'aile du ptérosaure qui l'a piégé…

    À voir aussi

    Frey/Tischlinger
    Frey/Tischlinger

    Au moment d'être saisi par unAspidorhynchus, leRamphorhynchus venait d'avaler un poisson de la famille des leptolépides. Les tissus de cette petite proie se distinguent (difficilement sur cette photo) au niveau du pharynx du petit ptérodactyle pêcheur.

    Marek Szczepanek
    Marek Szczepanek

    Pêcheurs très efficaces, les martins-pêcheurs actuels chassent sans doute d'une façon similaire à celle de Ramphorhynchus, il y a 120 millions d'années.  

    Leur métabolisme est rapide ; leur vol battu vif et stable ; en deux battements d'ailes, leur cerveau a déjà évalué la taille et le poids de la proie aperçue 30 centimètres en avant… S'ils sont trouvés adéquats, le bec pointu, puis la tête, puis le cou, puis le corps plongeront… et, au bout d'une seconde, l'animal émergera et s'envolera, un poisson dans la gorge…

    Effectuée par Eberhard Frey et Helmut Tischlinger, deux paléontologues du Muséum d'État de Karlsruhe (Allemagne), l'analyse d'une scène de prédation aérienne fossilisée à peu près en plein vol, apporte la preuve que de petits ptérosaures jurassiques avaient le même mode de prédation que les martins-pêcheurs d'aujourd'hui. Quand ? Il y a 120 millions d'années environ, alors que la sédimentation au sein d'eaux très calcaires et complètement anoxiques (dépourvues d'oxygène) au fond des lacs de Solnhofen, dans ce qui allait devenir la Bavière, a enregistré de nombreuses formes de vie dans la pierre.

    Ainsi, un petit reptile volant – un ptérosaure de l'espèce Ramphorhynchus – s'envolait après une plongée (du bec, du corps ?) tout en avalant un petit poisson, quand un poisson carnivore de 60 centimètres de long – un Aspidorhynchus – sauta pour s'accrocher à son aile. Il n'aurait pas dû : une fois retombé dans l'eau, le Ramphorhynchus se mit à se débattre si vivement que la mince membrane alaire de son aile gauche s'accrocha dans l'entrelacs des dents du poisson carnivore. Oppressé d'être attaché à une proie qui se débattait tant, le poisson se mit lui aussi à fouetter l'eau de sa queue et à donner des coups de tête pour s'en libérer. Mais il ne parvint pas à débarrasser sa gueule de l'aile du ptérosaure, résistante à la lacération puisqu'elle avait évolué pour être à l'épreuve du vol… Quand le ptérosaure, noyé, cessa enfin de se débattre, l'Aspidorhynchus avait encore la force de le porter, mais de moins en moins celle de tenter de se détacher, surtout que d'autresAspidorhynchus picoraient déjà dans les chairs de sa proie. Épuisé, il finit par être entraîné vers les profondeurs, où l'oxygène commence à se faire rare… Une fois au fond, l'asphyxie le tua. En l'absence totale d'oxygène, aucune bactérie ni organisme nécrophage ne put venir consommer les animaux, de sorte que la scène a été figée pour l'éternité… géologique.

    E. Frey et H. Tischlinger pensent que le ptérosaure a été saisi alors qu'il était déjà en vol, car il n'avait ni avalé complètement ni digéré le petit poisson. Cela semble d'autant plus plausible qu'aujourd'hui, les oiseaux pêcheurs ne déglutissent, à grand renfort de mouvements de gorge, qu'une fois hors de l'eau (pour ne pas l'avaler !). Du reste, le délabrement de l'aile gauche du petit reptile volant ne s'explique que s'il s'est brièvement mais intensément débattu avant la noyade… Plusieurs restes de Ramphorhynchus avaient déjà été retrouvés associés à des fossiles d'Aspidorhynchus, mais sans qu'il soit possible de conclure avec certitude à un cas de prédation. La situation examinée par E. Frey et H. Tischlinger suggère que les petits Ramphorhynchus étaient souvent la cible d'Aspidorhynchus, sans doute parce qu'en moyenne cette chasse leur rapportait facilement des proies de taille considérable. Manifestement, il est arrivé au moins une fois que la solide membrane alaire d'un petit planeur ptérosaurien s'est inextricablement accrochée dans la gueule d'un Aspidorhynchus… Arrive-t-il aussi à nos martins-pêcheurs de se faire happer par des poissons ? Il semble en tout cas que cela n'ait jamais été observé.

    Pour en savoir plus

    L'auteur

    François Savatier est journaliste àPour la Science.

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  • http://www2.cnrs.fr/presse/communique/2549.htm

    Paris, 3 avril 2012

    Datant d'environ 280 millions d'années, les plus anciens embryons fossiles de reptiles ont été mis au jour en Uruguay et au Brésil. Ils appartiennent au groupe des mésosaures, reptiles aquatiques anciens. L'étude de ces fossiles particulièrement bien conservés suggère que les mésosaures étaient vivipares(1) (repoussant de 60 millions d'années ce mode de reproduction) sinon qu'ils pondaient des œufs à des stades avancés de développement. Publiés dans la revue Historical Biology, ces résultats sont révélés par une équipe internationale impliquant Michel Laurin, directeur de recherche CNRS au Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements (CNRS/Museum national d'histoire naturelle/UPMC).

    Si les plus anciens amniotes(2) fossiles adultes connus à ce jour datent d'environ 315 millions d'années, les paléontologues disposent de très peu de collections d'œufs et d'embryons fossiles. Grâce à la découverte d'embryons fossiles de mésosaures, reptiles aquatiques anciens, datant d'environ 280 millions d'années, une équipe internationale impliquant Michel Laurin, du Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements (CNRS/Museum national d'histoire naturelle/UPMC), livrent de nouvelles informations sur le mode de reproduction de ces animaux.

    Au Brésil, l'équipe de paléontologues a mis au jour un spécimen fossile en gestation. Celui-ci révèle que les mésosaures qui peuplaient ce territoire retenaient les embryons dans l'utérus pendant la plus grande partie du développement embryonnaire. Ces reptiles étaient donc probablement vivipares(1).
    De plus, en Uruguay, les mêmes chercheurs ont exhumé 26 spécimens de mésosaures adultes, tous associés à des embryons ou à de très jeunes individus, et datant de la même époque que le fossile brésilien. Ces spécimens, plus ou moins désarticulés, sont difficiles à interpréter mais il s'agit probablement, pour la plupart, d'embryons dans l'utérus, étayant la thèse de la viviparité chez les mésosaures. Les plus grands d'entre eux pourraient représenter de jeunes animaux dont s'occupait au moins un des deux parents, laissant supposer l'existence de soins parentaux. Cependant, un œuf isolé de mésosaure (voir la photo ci-dessous) a également été mis au jour sur ce site uruguayen. Cette découverte nuance la thèse de la viviparité (qui, en principe, exclut la ponte d'œuf). Elle suggère que les mésosaures d'Uruguay pondaient des œufs à un stade avancé de développement qui devaient éclore peu après (quelques minutes à quelques jours plus tard).

    Ces recherches révèlent donc les plus anciens fossiles d'embryons amniotiques au Paléozoïque (- 543 à -250 millions d'années) et les premiers exemples connus de rétention d'embryons (et peut-être de viviparité), repoussant de 60 millions d'années ce mode de reproduction. Les particularités reproductrices des mésosaures révélées dans cette étude reflètent-elles leur mode de vie aquatique (la viviparité étant fréquente chez les reptiles aquatiques) ou plutôt une condition assez répandue chez les premiers reptiles ?


    Photo 1

    © Graciela Piñeiro (à gauche) et Inés Castiglioni (à droite)

    Embryon de mésosaure du Permien inférieur issu de la formation de Mangrullo en Uruguay dans un œuf.
    Photo du spécimen à gauche et dessin d'interprétation à droite.




    Image 2

    © Gustavo Lecuona

    Reconstitution de l'embryon de mésosaure du Permien inférieur issu de la formation de Mangrullo en Uruguay dans un œuf.





    Photo 3

    © Graciela Piñeiro

    Embryon et adulte mésosaure, juxtaposés pour la reconstitution et la photo (pas trouvés en association) montrant la taille de l'embryon par rapport à celle de l'adulte.




    Notes :

    (1) Animaux qui gardent l'embryon à l'intérieur et donnent naissance à leurs petits.
    (2) Les amniotes sont des vertébrés dont l'embryon est entouré d'une membrane appelée amnios ; ils incluent les mammifères et les reptiles.

    Références :

    Graciela Piñeiro, Jorge Ferigolo, Melitta Meneghel & Michel Laurin (2012): The oldest known amniotic embryos suggest viviparity in mesosaurs, Historical Biology: An International Journal of Paleobiology, DOI:10.1080/08912963.2012.662230


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  • http://www2.cnrs.fr/presse/communique/2485.htm
    Paris, 22 février 2012
    Les éléphants préhistoriques aussi sociables que leurs congénères actuels

    Si les éléphants sont des animaux sociables, leurs ancêtres préhistoriques l'étaient aussi. C'est ce que révèle un site exceptionnel d'empreintes d'éléphants vieilles de sept millions d'années dans le désert d'Arabie. Les pistes tracées sont les plus longues jamais révélées pour des mammifères et constituent le plus ancien indice d'interaction sociale chez les éléphants préhistoriques. Tels sont les résultats d'une équipe internationale dans laquelle sont impliqués des chercheurs de l'IPHEP1 (CNRS/Université de Poitiers). Cette étude fait l'objet d'une publication dans Biology Letters du 22 février 2012.
    Il y a sept millions d'années, la péninsule arabique était traversée d'un système de rivières qui débouchait au niveau de ce qui est aujourd'hui Abu Dhabi.
    C'est là, sur le site de Mleisa 1, qu'une équipe internationale dans laquelle sont impliqués des chercheurs de l'IPHEP (CNRS/Université de Poitiers) a découvert, sur une surface de cinq hectares, des empreintes fossilisées d'éléphants datées de cette même époque. Dégagées par l'érosion récente, des pistes tracées, extraordinairement2 longues, mesurent, pour certaines, plus de 250 mètres. Au nombre de treize, ces pistes ont été laissées par une harde3 d'éléphants préhistoriques de tailles et de poids divers, mêlant jeunes et adultes.

    Tout comme leurs congénères actuels, les éléphants préhistoriques avaient donc un comportement grégaire. Chez l'actuel, les femelles adultes s'assemblent en hardes incluant les jeunes, tandis que les mâles s'éloignent des groupes à la puberté pour ne revenir qu'aux périodes de reproduction. La présence à Mleisa 1 d'une piste isolée de 260 mètres formée de pas et d'empreintes de grande taille fait supposer un comportement solitaire des mâles, comme actuellement.

    Cette étude est d'autant plus intéressante qu'elle permet de mettre en évidence des comportements impossibles à révéler à partir des os et des dents fossilisés.

    L'étude et l'interprétation des différentes pistes dans leur totalité comme dans les moindres détails ont été effectuées grâce à la reconstitution virtuelle du site. Par cette méthode, il a été révélé l'ampleur des pistes ainsi que l'importance paléontologique du site.

    Cette étude fait partie du programme de recherche Baynunah Paleontology Project. L'analyse des empreintes, des os et des dents fossilisés trouvés non loin du site contribueront à la reconstruction de l'évolution environnementale de la péninsule arabique. A cette période, la péninsule faisait partie intégrante du continent africain et le "rameau humain" y effectuait ses premiers pas.

    Ces recherches font l'objet de financements d'Abu Dhabi Authority for Tourism and Culture, de la National Science Foundation (États-Unis), de l'institut international de paléoprimatologie, paléontologie humaine : évolution et paléoenvironnements (CNRS/Université de Poitiers) et de l'Université de Yale.



    © Mark Beech
    Le premier auteur de l'étude, Faysal Bibi, dégage une empreinte d'éléphant sur le site de Mleisa 1.

    © Faysal Bibi
    Nathan Craig, coauteur de l'étude, effectue la saisie des données d'imagerie numérique grâce à un appareil photo suspendu à un cerf-volant.

    © The authors & the Baynunah Paleontology Project
    Un zoom sur les pistes d'éléphants de Mleisa 1 de l'image recomposée. Les différentes pistes sont surlignées en couleur.

    © Mauricio Antón
    Une reconstruction de la harde de Mleisa 1 (l'éléphant représenté est Stegotetrabelodon, la forme fossile la plus fréquente dans la formation de Baynunah).

    Notes :
    1 Institut international de paléoprimatologie, paléontologie humaine : évolution et paléoenvironnements
    2 Les pistes de mammifères, jusqu'à présent découvertes, dépassent rarement les dizaines de mètres.
    3 Troupeau d'ongulés sauvages

    Références :
    Early evidence for complex social structure in Proboscidea from a late Miocene trackway site in the United Arab Emirates, Bibi F., Kraatz B., Craig N., Beech M., Schuster M., and Hill A. Biology Letters, 2012, doi: 10.1098/rsbl.2011.1185

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  • http://www.newscientist.com/article/dn21114-sabretoothed-squirrel-scurried-at-dinosaurs-feet.html

    Truth is sometimes just as strange as fiction. Palaeontologists have unearthed fossils of a bizarre mammal that lived in the shadow of the dinosaurs and was a dead ringer for the sabre-toothed squirrel star of the computer-animated Ice Age films.

    Mammals were a fixture of the dinosaur era, but their remains are rarely preserved. The new fossil, which comes from 95-million-year-old rocks in Argentina, is a tantalising sign of what we are missing. Its 2-centimetre-long skull has large eye sockets, a narrow snout and a formidable pair of long canines unlike anything seen before in Mesozoic mammals.

    At the time this creature, dubbed Cronopio, roamed Earth, the marsupial and placental mammals that dominate today had already begun to branch out. But Cronopio was a more primitive beast. Its discovery confirms that early mammals tried out body shapes for which no living parallel exists, says Guillermo Rougier at the University of Louisville in Kentucky, whose team made the find.

    Cronopio was dug out of rocks rich in the remains of giant sauropod and theropod dinosaurs. Its large eye sockets indicate it was possibly nocturnal, says Christian de Muizon at the Museum of Natural History in Paris, France, who was not a member of Rougier's team. "The function of the long canines is difficult to assess," says Rougier. "There is no real modern model for that."

    The shape of the squirrel's molars suggests that it may have had a taste for insects, he adds. Rougier named the fossil after fictional characters in the novels of Argentinian writer Julio Cortázar, but he is well aware of its silver screen doppelgänger. "Some ridiculous-looking cartoon characters can sometimes be found later as real fossils," he says.

    Journal reference: Nature, DOI: 10.1038/nature10591


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  • http://www.newscientist.com/article/mg21228404.400-our-ancestors-speak-out-after-3-million-years.html

    Listen to simulations of our ancestors' first sounds

    YOU may think humanity's first words are lost in the noise of ancient history, but an unlikely experiment using plastic tubes and puffs of air is helping to recreate the first sounds uttered by our distant ancestors.

    Many animals communicate with sounds, but it is the variety of our language that sets us apart. Over millions of years, changes to our vocal organs have allowed us to produce a rich mix of sounds. One such change was the loss of the air sac - a balloon-like organ that helps primates to produce booming noises.

    All primates have an air sac except humans, in whom it has shrunk to a vestigial organ. Palaeontologists can date when our ancestors lost the organ, as the tissue attaches to a skeletal feature called the hyoid bulla, which is absent in humans. "Lucy's baby", an Australopithecus afarensis girl who lived 3.3 million years ago, had a hyoid bulla; but by the time Homo heidelbergensis arrived on the scene 600,000 years ago, air sacs were a thing of the past.

    To find out how this changed the sounds produced, Bart de Boer of the University of Amsterdam in the Netherlands created artificial vocal tracts from shaped plastic tubes. Air forced down them produced different vowel sounds, and half of the models had an extra chamber to mimic an air sac.

    De Boer played the sounds to 22 people and asked them to identify the vowel. If they got it right, they were asked to try again, only this time noise was added to make it harder to identify the sound. If they got it wrong, noise was reduced.

    He found that those listening to tubes without air sacs could tolerate much more noise before the vowels became unintelligible.

    The air sacs acted like bass drums, resonating at low frequencies, and causing vowel sounds to merge; Lucy's baby would have had a greatly reduced vocabulary. Even simple words - such as "tin" and "ten" - would have sounded the same to her.

    Observations of soldiers from the first world war corroborate de Boer's findings. Poison gas enlarged the vestigial air sacs of some soldiers, who are said to have had speech problems that made them hard to comprehend.

    De Boer's study provides clear evidence supporting the idea that the need to produce complex sounds to communicate better made air sacs shrink, says Ann MacLarnon of the University of Roehampton in London. More sounds meant more information could be shared, giving those who lacked air sacs a better chance of survival in a dangerous world.

    De Boer found that air sacs also interfered with the workings of the vocal cords, making consonants trickier. Only once they had gone could words like "perpetual", requiring rapid changes in sound, be produced.

    What, then, might our ancestors' first words have been? With air sacs, vowels tend to sound like the "u" in "ugg". But studies suggest it is easier to produce a consonant plus a vowel, and "d" is easier to form with "u". "Drawing it all together, I think it is likely cavemen and cavewomen said 'duh' before they said 'ugg'," says de Boer.

    Listen to simulations of the vowel sounds with and without air sacs:

    a without an air sac.

    a with an air sac.

    ə without an air sac.

    ə with an air sac

    y without an air sac

    y with an air sac.

    Journal reference: Journal of Human Evolution, DOI: 10.1016/j.jhevol.2011.07.007


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